Il sera probablement l’artiste le plus programmé aux Francofolies de La Rochelle (trois fois) et c’est bien normal. Le cheveu en broussaille et le sourcil interrogateur, Sam Sauvage est du haut de ses 25 ans l’un des plus séduisants ovnis que la nouvelle chanson d’obédience électro-pop ait pu croiser ces derniers temps. Entre Patrick Coutin (J’aime regarder les filles) et Taxi Girl, ce dandy d’allure dégingandée évoque tout aussi largement Jacques Dutronc par ce regard caustique qu’il pose sur ses contemporains.
Écoutez sa chanson Pas bourré, irrésistible ritournelle sur une génération au bout du rouleau (de scotch), ou bien Les Gens qui dansent, autre comptine synthétique décrivant sur un timbre parlé-chanté bashungien un monde au bord de l’asphyxie.
Avec seulement un EP en poche (Dans le photomaton, La Fin du monde, entre autres pépites pop), ce garçon venu de Boulogne-sur-Mer n’a eu aucun mal à remplir une série de six dates parisiennes (le Pop Up) ainsi qu’à bloquer une date à la Maroquinerie.
À l’évidence, ses mélodies réveillant des sonorités eighties trouvent preneur. Pourtant, aussi étonnant que cela paraisse, Sam Sauvage n’a pas été révélé à sa vocation en écoutant les Talking Heads mais en attrapant au vol une chanson de Bob Dylan. Sam Sauvage, un chanteur contestataire ? Pourquoi pas. Tout du moins est-il un bon observateur de la société désenchantée qui l’environne.
« Malgré ce pessimisme plombant, nous sommes d’une génération qui se bat pour son avenir »
C’est l’histoire d’un fils d’institutrice qui n’a pas connu son père, c’est l’histoire d’un enfant unique élevé par ses grands-parents dans un camping du Nord. « J’y ai probablement développé, dans la solitude avec laquelle je devais batailler, un don pour l’observation des caractères humains », nous confirme Sam Sauvage (Hugo Brebion, à la ville) dont la première chanson s’intitulait Le Paradis des cons.
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Les cons sont partout. Là-dessus, on ne s’aventurerait pas à le contredire, surtout si on avait encore 20 ans. Le plus bel âge ? Tu parles ! « J’appartiens à une génération à qui on dénie toute conscience politique, sans cesse traitée d’abrutie parce qu’elle serait incapable de se concentrer plus de deux secondes et demie. Une génération jugée stupide alors qu’elle est juste désarmée : chaque jour, les médias nous apprennent qu’on va mourir demain, nous explique l’auteur de la chanson La Fin du monde. Et pourtant, malgré ce pessimisme plombant, nous sommes d’une génération qui se bat pour son avenir. » Pas con.
Aujourd’hui au Main Square Festival d’Arras (mainsquaredestival.fr), du 10 au 12 juillet aux Francofolies de la Rochelle (francofolies.fr), le 27 juillet au festival Rockenstock du Touquet (rockenstock.fr).
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