
Le Code du travail reconnaît à tout salarié une liberté de se vêtir, mais cette liberté n’est ni absolue, ni inconditionnelle. L’article L.1121-1 du Code prévoit que l’employeur peut restreindre cette liberté si cela est justifié par la nature de la tâche à accomplir et proportionné au but recherché. Traduction : on ne vient pas torse nu si cela porte atteinte à l’image de l’entreprise, à la sécurité, ou au bon fonctionnement du service.
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Dans les faits, cette liberté est souvent cadrée par le règlement intérieur ou la note de service. Ainsi, même en pleine vague de chaleur, un salarié ne peut décider unilatéralement de troquer sa chemise contre… rien du tout.
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Une tenue décente… même sans climatisation
Les juges se sont déjà prononcés sur ce type de questions. En 2006, la Cour d’appel de Rennes a validé le licenciement d’un salarié refusant de porter un pantalon exigé par l’entreprise. De même, une aide-comptable a été licenciée pour avoir travaillé en chemisier transparent sans sous-vêtement, au motif que sa tenue troublait l’ordre de l’entreprise.
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La jurisprudence est claire : le salarié n’est pas libre de s’habiller comme il l’entend, surtout lorsqu’il est en contact avec la clientèle, des collègues ou du public. Travailler torse nu, même dans un bureau sans climatisation, peut être sanctionné si cela est jugé inapproprié dans le contexte professionnel.
BTP, entrepôts : les règles ne transpirent pas
Sur les chantiers, dans les entrepôts ou les ateliers, la question est d’abord une affaire de sécurité. Le port de certains vêtements — casque, gilet, chaussures renforcées, voire hauts couvrants — est obligatoire. L’article R.4323-95 du Code du travail impose à l’employeur de fournir des équipements de protection individuelle (EPI), et au salarié de les porter.
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Travailler torse nu, dans ces secteurs, n’est pas une simple question de confort : c’est une faute, car cela expose à des risques (brûlures, coupures, projections) et peut engager la responsabilité de l’employeur en cas d’accident.
Canicule : un contexte qui impose aussi des devoirs
En période de forte chaleur, les entreprises doivent prendre des mesures de prévention. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) recommande de :
- décaler les horaires (travailler plus tôt ou plus tard)
- proposer des pauses supplémentaires
fournir de l’eau fraîche et des vêtements adaptés
Mais cela ne signifie pas que le torse nu devient une solution acceptable. Bien au contraire : les vêtements légers et respirants, protégeant la peau du soleil, sont souvent préférables à une exposition directe, qui augmente les risques d’insolation, de brûlures, voire de malaise.
« Torse nu » et « professionnalisme »
Dans les bureaux, sauf exception rare (absence de public, équipe très restreinte, accord explicite), se présenter torse nu est mal vu et juridiquement risqué. L’image de l’entreprise, le respect d’autrui, ou tout simplement la décence sont autant de raisons pour lesquelles l’employeur peut sanctionner cette tenue, de l’avertissement au licenciement.
Même dans les environnements plus décontractés, les directions RH rappellent souvent en été quelques règles vestimentaires de base : pas de tongs, pas de short ultra-court, pas de torse dénudé. L’ambiance peut être détendue, mais pas à n’importe quel prix.
Ce que peut (et doit) faire l’employeur
L’employeur ne peut pas ignorer la canicule. Il a l’obligation d’assurer la santé et la sécurité de ses salariés (article L.4121-1 du Code du travail). Cela implique :
- d’aménager les postes de travail si besoin
- de fournir des tenues plus adaptées
- de consulter, le cas échéant, les représentants du personnel (CSE)
Il peut autoriser une tenue plus légère (polo, bermuda, sandales), mais dans les limites du respect de la sécurité, de l’hygiène et du fonctionnement de l’entreprise.
Non, on ne peut pas travailler torse nu sans autorisation. La loi ne l’interdit pas directement, mais les règles d’hygiène, de sécurité et de décence s’y opposent presque toujours. La chaleur ne justifie pas tout : mieux vaut miser sur des vêtements adaptés, aérés, professionnels — et sur une bonne organisation du travail — que risquer une sanction ou un malaise.
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