
Jusque-là, Monsieur 100.000 volts, c’était Gilbert Bécaud. Chez lui, pas encore de fauteuils cassés à l’Olympia ni de cravate à pois, mais une casquette en guise d’accessoire vissée sur le crâne permettant de lui offrir toutes les libertés des danses les plus cathartiques. « Avec elle, je sais que tout est permis, je me sens protégé ; je peux endosser tous les personnages », nous dit ce jeune trentenaire venu de Bourgogne.
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Dans sa chanson 100.000 volts, mais aussi dans les autres de son premier EP (en attendant un album chez Warner) se lèvent les poings d’une jeunesse entravée dans ses désirs enfiévrés. Le public de Michel Polnareff mais aussi d’Alain Souchon, et prochainement de Jean-Louis Aubert, en a eu la primeur : Pétrole brut est le meilleur hydrocarbure que la poésie chantée nous ait donné à entendre depuis… Depuis quand déjà ?
Dans Le Grand Saule, on entendra alors tout autant du Léo Ferré que du Eddy de Pretto, une chanson traditionnelle tissée d’électro-pop. Dans ses textes se juxtaposent les images de trajectoires désolées aux abords de zones suburbaines aliénantes. Le garçon vient de là : fils d’un employé de banque et d’une salariée dans l’aménagement du territoire, Pétrole brut avait un périmètre délimité à la naissance.
« La chanson militante est un registre casse-gueule tant il est difficile d’échapper aux lieux communs »
Puisqu’il est né à Auxerre et que tout y tourne autour du ballon rond, il aurait dû suivre une carrière de footballeur plutôt que de s’entêter à écrire des mélodies aussi accrocheuses qu’une paire de crampons sur le gazon. Mais voilà qu’au collège, il entre dans une classe d’éveil musical. Révélation. « Je me suis retrouvé à être le seul garçon entouré de filles. Leur regard m’a beaucoup aidé à me projeter devant un public. »
Quand l’apprenti danseur annonce la nouvelle à son entraîneur de foot, la réaction n’est guère surprenante. « J’ai bien senti de la déception dans ses propos. » Le musicien, adolescent en pleine période boys band, mais fort heureusement biberonné aux Strokes, Foals et autres Arctic Monkeys se risque dans un premier temps à chanter en anglais dans divers groupes de rock avant de s’essayer au français — Pétrole brut est le nom de sa première chanson dans la langue de Brel. C’était hier, en 2022.
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Trois ans et autant de pas de géant plus tard, on écoute sa chanson Banquise, où le chanteur se glisse dans la peau d’un climatosceptique. Où les angles morts d’un déni écologique sont ici traitées avec une finesse rare. « La chanson militante est un registre casse-gueule tant il est difficile d’échapper aux lieux communs. Je préfère m’inclure dans la critique que de me placer au-dessus du débat. Il faut se reconnaître dans ce qu’on reproche aux autres pour mieux le comprendre. » C’est juste.
Le 27 juillet aux Arènes de Bayonne en première partie de Jean-Louis Aubert. arenes.bayonne.fr
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