L’essentiel
- Un lycéen de 18 ans, Timothy G., a été arrêté à Saint-Etienne en possession de couteaux et mis en examen pour terrorisme, dans le premier dossier en France directement lié à la mouvance masculiniste « incel ».
- Le suspect, décrit comme « un adolescent qui souffre » par son avocate, a été repéré sur les réseaux sociaux où il aurait consulté des vidéos masculinistes et proféré des messages violents.
- « C’est un phénomène pas très important [quantitativement], mais qui existe et prend de la force dans la société sur les réseaux sociaux », explique le garde des Sceaux, Gérald Darmanin.
Il est suspecté d’avoir voulu attaquer des femmes. Timothy G., un lycéen de 18 ans, a été interpellé vendredi à Saint-Etienne (Loire), près d’un lycée, en possession de deux couteaux. Il a été mis en examen et écroué mardi, à Paris, dans ce dossier terroriste, le premier en France exclusivement lié à la mouvance masculiniste « incel ».
Un jeune adulte mal dans sa peau
Âgé de 18 ans et originaire de la région stéphanoise, cet étudiant est l’aîné d’une famille de trois enfants. À la rentrée 2024-2025, il avait intégré ce lycée, l’un des plus réputés du département, en classe prépa maths, dans l’optique de devenir ingénieur. Quelques mois plus tôt, il avait obtenu son bac avec la mention assez bien, évoque Le Parisien. Il s’agissait donc d’un étudiant au profil relativement classique, d’autant qu’il était jusqu’alors totalement inconnu de la justice.
Le jeune homme est d’allure juvénile, le visage presque glabre et le corps fluet. Son avocate, Maria Snitsar, explique avoir rencontré « un adolescent qui souffre et non un combattant qui se prépare à l’action. L’instruction ramènera ce dossier à sa plus juste proportion du point de vue de la qualification et de la personnalité du mis en examen ».
Repéré sur les réseaux sociaux
Selon une source proche du dossier, c’est son activité sur les réseaux sociaux qui a permis à la cellule antiterroriste de le repérer. Il a notamment consulté des vidéos masculinistes, en particulier sur le réseau social TikTok. Il aurait proféré des messages violents sur les réseaux sociaux qui ont alerté les enquêteurs.
Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) sont intervenus avant son passage à l’acte, alors qu’il se trouvait à proximité du lycée. Ils ont trouvé sur lui deux couteaux. Selon Le Progrès, il avait également en sa possession les noms et prénoms de quatre jeunes femmes, inscrits sur un morceau de papier. Il pourrait s’agir des victimes qu’il projetait d’agresser. À ce stade, toutefois, les intentions et la préparation de ses projets d’attaque présumés restent floues.
Une mouvance « Incel » de plus en plus active
Le suspect se serait présenté comme faisant partie de la mouvance « incel », une abréviation anglophone pour les « célibataires involontaires ». Ces hommes nourrissent une haine à l’égard des femmes qui les repoussent. Et plus généralement envers le féminisme, jugé responsable de leurs échecs. Une frustration qui peut déboucher sur des actions violentes.
Ces dernières années, d’autres interpellations en France ont mis en cause des masculinistes, mais sans qu’il s’agisse de la principale raison principale à leur arrestation. « C’est un phénomène pas très important [quantitativement], mais qui existe et prend de la force dans la société sur les réseaux sociaux, explique le garde des Sceaux, Gérald Darmanin. La DGSI a un bureau de suivi des “incel”, comme il y en a pour l’extrême droite, l’ultra gauche ou les islamistes radicaux ».
Notre dossier sur les violences faites aux femmes
Récemment, le haut-commissariat à l’égalité évoquait « une polarisation croissante d’une partie de la jeunesse, avec d’un côté des femmes plus sensibles au féminisme et de l’autre une partie des jeunes hommes plus sensibles à des positions sexistes très dures, aux discours masculinistes et aux mouvements réactionnaires et politisés. »




