Dès l’entrée dans Faches-Thumesnil, les façades en briques rouges qui bordent les rues donnent le ton : bienvenue dans une cité typique du Nord. Sur le fronton de l’hôtel de ville, le drapeau tricolore flotte aux côtés de celui de la Palestine et de deux fanions aux couleurs LGBT, une façon pour le maire d’afficher avec fierté son appartenance à La France insoumise.
En 2020, le maire Patrick Proisy a été élu dès le premier tour à la tête de la commune de 18 000 habitants, porté par une large union de la gauche, face à son seul opposant (divers droite). Particulièrement engagé sur l’écologie et la citoyenneté, ce professeur d’histoire de 37 ans, issu d’une famille de forces de l’ordre, ne néglige aucun chantier, et surtout pas celui de la sécurité.
Hausse des effectifs de la police municipale (équipée de « gazeuses » et désormais de caméras-piétons), vidéosurveillance, barres antivol distribuées aux automobilistes… L’édile, qui n’a pas souhaité nous répondre, multiplie les initiatives, au risque de s’éloigner des grands discours des cadres nationaux de son mouvement.
« Il n’est pas favorable aux armes létales, mais pas laxiste pour autant »
« C’est un élu sérieux, qui ne verse pas dans l’angélisme. Il n’est pas favorable aux armes létales, mais pas laxiste pour autant », souffle-t-on à la mairie voisine (divers gauche) de Ronchin, qui collabore avec lui sur deux projets : une brigade intercommunale de nuit (lancée en février) contre les rodéos urbains et les cambriolages, avec la mise en place d’un centre commun de supervision de vidéosurveillance.
Au café Bon Coin, à deux pas de l’hôtel de ville, Pierre fustige les incivilités routières, notamment celles des jeunes en trottinette électrique qui « roulent comme des malades et mettent tout le monde en danger ». Le maire LFI ? « Je l’adore, je vais revoter pour lui. Il est très présent et a redynamisé la commune », développe le retraité entre deux gorgées de bière blonde. Avant de s’indigner contre la patronne des députés insoumis, Mathilde Panot : « Elle veut retirer les caméras, désarmer les policiers… et puis quoi encore ? C’est du délire, ils sont complètement déconnectés ! »
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Au Hangar, un bar associatif « inclusif et féministe » situé à la frontière entre Faches-Thusménil et Lille-Sud, « là où ça craint le plus », la gérante mise sur la proximité avec les forces de l’ordre. « Il faut qu’ils viennent encore plus au contact de la population. L’autre jour, ma fille de 3 ans a vu un policier municipal et m’a demandé si elle pouvait lui “faire un câlin”. Alors on est allées discuter, et ils lui ont expliqué leur métier », raconte la jeune mère de famille, pour qui « c’est aussi comme ça qu’on recrée du lien ».
Un peu plus loin, Fabrice, qui s’offre une balade au soleil avec Tom, un jeune Cavalier King Charles, réclame quant à lui encore plus d’autorité : « Je vis ici depuis neuf ans et, franchement, ça se dégrade. Il y a du tapage, des bandes qui squattent la voie publique et de nombreux vols », déplore le sexagénaire, tout en pointant du doigt un vélo dont il ne reste plus que la carcasse. Celui qui ne s’était pas rendu dans l’isoloir il y a cinq ans a changé d’avis : « Cette fois, j’irai voter, et pas pour ce maire LFI ! »
Sur le trottoir d’en face, une poignée de jeunes tiennent les murs. « C’est vrai qu’on traîne souvent ici, debout pendant des heures. On nous a retiré tous nos bancs, on ne sait pas où aller ! » regrette Malik*, à la recherche d’une cigarette dans sa sacoche Gucci. Son « pote » Enzo* assure n’avoir aucun souci avec la police. « Ils viennent souvent nous contrôler, et la plupart du temps, ça se passe bien, affirme le jeune de 22 ans. De toute façon, ils font juste leur taf. Si l’un de nous a un truc à se reprocher, bah tant pis pour lui ! »
*Les prénoms ont été modifiés.
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