
Elle s’est glissée en février dans ses fonctions comme une actrice qu’on a hissée sur la scène faute de mieux. La base Maga (« Make America Great Again ») rêvait d’avoir Matt Gaetz. Elle a eu Pam Bondi comme plan B. Gaetz, le bad boy du Congrès, devait prendre les rênes du ministère de la Justice. Un scénario taillé pour les tabloïds et pour les fantasmes de ses ennemis : l’homme aux scandales, aux blagues grasses, à la chevelure de série B, allait transformer le ministère. Trop, même pour le Sénat républicain. Alors est arrivée Pam Bondi en sauveuse. Une blonde souriante, en tailleur impeccable, moins sulfureuse, plus lisse, et surtout confirmable. En six mois à la tête du ministère de la Justice, l’ex-procureur général de Floride est passé de figure de proue à poids mort de l’administration Trump II. Une étoile filante, vite consumée, qui illustre la brutalité du mouvement Maga envers ses propres hérauts.
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Un premier accroc
Quand Trump la nomme procureur général en novembre, Bondi coche toutes les cases : fidèle parmi les fidèles depuis 2016, visage connu des chaînes conservatrices, un look calibré pour les plateaux (elle est surnommée « Barbie Fox News ») et une langue bien pendue. Sur Fox News justement, dès le lendemain de sa nomination, elle n’est pas avare de promesses : « Les Américains méritent de connaître ces noms. Et je compte m’en assurer. » Bondi parlait de la « liste Epstein », ce sujet récurrent au sein de la base Maga, qui réclame que soient exposés les puissants ayant pris place dans l’avion du milliardaire pédocriminel. Elle certifie même avoir cette liste sur son bureau. La promesse fait mouche : figure trumpiste sur les réseaux sociaux, Laura Loomer applaudit, Elon Musk en rajoute, les forums Maga exultent. Bondi se nourrit de cette ferveur. Mais à force de jouer avec le feu, elle a fini par se brûler.
Dès mars, un premier accroc ternit son image. Dans le salon Roosevelt de la Maison-Blanche, elle convoque une poignée d’influenceurs pro-Trump pour un moment qu’elle croit historique. Devant eux, elle aligne des classeurs estampillés « Dossier Epstein : Phase 1 ». À l’intérieur ? Des documents déjà publics, sans révélations notables. La scène tourne au ridicule.
Dans ses dossiers ? Des documents sans révélations
Mais c’est le 8 juillet dernier que la tempête a éclaté pour de bon. Ce matin-là, le ministère de la Justice a rendu public un mémo de deux pages, tranchant comme la lame d’un couperet : « Il n’existe pas de liste de clients. Il n’y en a jamais eu. » « L’une de nos principales priorités est de lutter contre l’exploitation des enfants et de rendre justice aux victimes. […] Perpétuer des théories infondées sur Epstein ne sert aucun de ces objectifs », indique cette note qui confirme également le suicide, en prison, d’Epstein. La base trumpiste, qui attendait son trophée depuis des années, explose. Loomer s’enflamme : « Pam Bondi vous a menti. » Musk en remet une couche : « Comment peut-on s’attendre à ce que les gens aient confiance en Trump s’il ne publie pas les dossiers ? » L’influenceuse conservatrice Liz Wheeler réclame « sa démission ». Jack Posobiec, militant de l’alt-right, fulmine : « C’est incroyable à quel point cette affaire Epstein a été mal gérée. »
Des sourires en plastique
À la Maison-Blanche, les murs tremblent. La question est posée par une journaliste en plein cabinet : « Le procureur général a-t-il encore la confiance du président après le flop des dossiers Epstein ? » Trump, jusqu’ici protecteur, balaie les interrogations, en se tortillant nerveusement sur sa chaise : « Vous êtes encore en train de parler de ce type ? On parle de ce gars depuis des années… Cela ressemble à une profanation. » Mais la phrase sonne comme un aveu d’échec. Dans la salle, le silence est pesant. Personne ne défend Pam Bondi.
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Depuis, les coups pleuvent. Dans les talk-shows conservateurs, on la raille. Sur les forums Maga, elle incarne désormais ce qu’ils exècrent : promesses en l’air, des sourires en plastique, une efficacité nulle.
Officiellement, elle ne lâche rien. Pourtant, selon la presse américaine, les couloirs de la Maison-Blanche bruissent déjà de noms pour la remplacer d’ici l’automne. Dans cet univers trumpiste où la loyauté ne protège que tant qu’elle satisfait la base, Bondi paierait alors le prix d’une communication désastreuse.
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