L’ex-candidat de téléréalité, accusé d’avoir détourné des dons censés financer des opérations humanitaires à Madagascar, sera finalement jugé en décembre 2026, en attendant que les investigations soient approfondies. D’autres victimes pourraient se faire connaître.
Le tribunal correctionnel de Paris a renvoyé ce lundi 20 octobre le procès de Dylan Thiry pour abus de confiance à décembre 2026, et ordonné un supplément d’information. L’influenceur de 31 ans, ancien candidat de téléréalité, est soupçonné d’avoir détourné 255 000 euros sur des cagnottes destinées à financer des voyages humanitaires à Madagascar.
La Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) va donc devoir poursuivre ses investigations, notamment en exploitant deux interviews de Dylan Thiry, mais aussi en auditionnant des personnes qui auraient accompagné le prévenu à Madagascar en tant que bénévoles de l’association « Pour nos enfants ». Dylan Thiry en était le président avant sa mystérieuse dissolution, sans aucun bilan financier.
« C’est paradoxal de considérer que mon client est un escroc et qu’il faudrait investiguer encore plus », a réagi son avocat, Me Jonathan Bellaiche, à la sortie de l’audience.
De son côté, l’influenceur, résident à Dubaï, s’est dit « serein », mais aurait « préféré régler tout ça aujourd’hui ». Ce renvoi, « c’est embêtant pour moi qui n’ai rien fait », a insisté l’influenceur aux 2,3 millions d’abonnés sur Instagram.
En 2021, il a ouvert plusieurs cagnottes sur le site Cotizup, pour financer des voyages humanitaires sur cette île pauvre de l’océan Indien. Au total, 7 000 donateurs ont versé plus de 300 000 euros à l’association. L’argent récolté a été viré directement sur le compte personnel de Dylan Thiry, avant d’être saisi par la justice.
Après les plaintes de plusieurs donateurs, soutenus par le collectif AVI (Aide aux victimes d’influenceurs), l’enquête a établi que seuls 68 000 euros ont bel et bien été dépensés dans des initiatives humanitaires.
À l’audience, le prévenu est venu accompagné de trois témoins, bénévoles de l’association, qui seraient partis en voyage humanitaire à Madagascar avec l’influenceur. « La plus belle expérience de ma vie », rapporte l’une d’entre eux au Parisien – Aujourd’hui en France, refusant de donner plus de détails avant le procès.
Alors que ses revenus diminuent drastiquement entre 2021 et 2023, Dylan Thiry s’offre une voiture de luxe à 81 000 euros, avant de dépenser 28 000 euros pour changer sa Mercedes pour un modèle plus coûteux.
D’autres victimes attendues
Trois donateurs se sont constitués parties civiles dans ce dossier, après avoir versé des sommes allant de quelques euros à plusieurs centaines. Mais le renvoi permettra peut-être à d’autres victimes présumées d’émerger.
C’est en tout cas ce que souhaite Me Lucas Vincent, avocat des parties civiles, qui en a déjà recensé deux supplémentaires : « On espère qu’il y en aura d’autres avec la médiatisation des faits ».
Pour l’avocat, qui a demandé le renvoi de l’affaire, les déclarations publiques de Dylan Thiry indiquent clairement « qu’il a menti ». Dans une interview donnée à BFMTV en 2023, il assure qu’il ne reste que 10 000 euros de dons, alors qu’il dispose encore à l’époque de 185 000 euros issus des cagnottes.
« Il y a eu des problèmes au Sénégal, au Mali, au Maroc… »
« Il y a une constance dans son attitude, donc c’est important de dire stop », souffle de son côté Jean-Baptiste Boisseau, porte-parole du collectif AVI, présent au procès. « Si on suit son itinéraire, les problèmes avec les voyages humanitaires commencent en 2020, donc bien avant Madagascar. Il y a eu des problèmes au Sénégal, au Mali, au Maroc… », énumère le porte-parole de l’association.
Il assure que Dylan Thiry « continue aujourd’hui à faire des appels aux dons pour des choses un peu bizarres ». Des activités qui pourraient faire l’objet de nouvelles procédures, selon Me Lucas.
En attendant, le procès de Dylan Thiry se tiendra le 7 décembre 2026. Il comparaît aux côtés de Sandra D., ancienne vice-présidente de l’association et amie virtuelle de l’influenceur.
Cette dernière, absente à l’audience de lundi, a été hospitalisée après l’annonce du procès dans les médias, a précisé son avocat. Dylan Thiry a de son côté assuré subir du cyberharcèlement depuis près de deux ans, en lien avec les accusations dont il fait l’objet.







