De Magnus von Horn, avec Victoria Carmen Sonne, Trine Dyrholm. 2h02.
En 1918, Karoline est couturière dans une usine et amoureuse de son patron fortuné avec qui elle entretient une liaison. Son mari, qu’elle croyait mort au front, rentre alors qu’elle est enceinte de son amant. Elle croise la route de Dagmar, quadragénaire charismatique qui la prend sous son aile et l’engage comme employée dans sa boutique. Une façade qui dissimule une agence d’adoption clandestine… Le réalisateur et scénariste suédois installé en Pologne Magnus von Horn dresse le portrait de la tueuse en série danoise Dagmar Overbye (1887-1929) et signe un drame qui frappe par sa photographie sublime, exploitant le noir et blanc pour effectuer un voyage dans le temps avec une reconstitution précise et documentée, opérer une mise à distance sécurisante (similaire à celle du conte de fées) et convoquer des références aussi prestigieuses que les frères Lumière, l’expressionnisme allemand avec l’œuvre matricielle M le maudit (1931), de Fritz Lang, ou Freaks (1932), de Tod Browning. En résulte un film d’horreur, amoral, cruel et impitoyable. S. B.
Moon le panda ★★★
De Gilles de Maistre, avec Alexandra Lamy, Sylvia Chang. 1h40.
Tian, 12 ans, est envoyé, suite à ses mauvais résultats à l’école, chez sa mamie, dont la maison se situe dans la région montagneuse du Sichuan, en Chine. Le garçon délaisse alors sa console de jeux vidéo pour s’aventurer en forêt, où il se lie d’amitié avec un panda qu’il prénomme Moon… Après l’Afrique (Mia et le lion blanc), l’Amérique du Nord (Le Loup et le lion) et du Sud (Le Dernier jaguar), Gilles de Maistre s’est aventuré en Asie pour filmer l’habitat naturel de cet animal emblématique, considéré comme un trésor national et protégé dans des sanctuaires dédiés à sa conservation. Un conte initiatique pour petits et grands qui va à l’essentiel : pas d’antagoniste, la dramaturgie est centrée sur la famille en péril (les parents sont au bord du divorce) et la quête d’équilibre du pré-ado, qui doit trouver son chemin de vie. L’émerveillement, la bienveillance, la sincérité sont encore au rendez-vous. S. B.
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The Amateur ★★
De James Hawes, avec Rami Malek, Laurence Fishburne. 2h03.
Charlie Heller, cryptographe de la CIA, est plus habitué d’être au bureau en costume cravate devant son écran d’ordinateur que de mouiller sa chemise sur le terrain. Le geek introverti va pourtant devoir s’y frotter pour la première fois de sa carrière, quand sa femme est tuée durant une prise d’otages à Londres par des terroristes… Belle surprise que The Amateur, l’adaptation au cinéma du roman éponyme de Robert Littell. Le réalisateur James Hawes s’associe au scénariste Evan Katz (la série culte 24 heures chrono) pour s’essayer avec une certaine jubilation du côté du thriller d’espionnage et de vengeance, à la mise en scène efficace et généreuse envers le public qui en redemande, en remplissant son cahier des charges : fusillades, combats à mains nues ou à l’arme blanche, courses-poursuites, chantages, trahisons, manipulations et surtout pièges retors tendus par Charlie pour confondre ses cibles, les pousser à avouer leur forfait, avant de l’expier lors d’un châtiment (mérité). S. B.
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Mikado ★★
De Baya Kasmi, avec Félix Moati, Vimala Pons. 1h34.
Mikado, Laetitia et leurs enfants, Nuage et Zéphyr, vivent à la marge dans leur camping-car. Quand il tombe en panne, ils sont accueillis par un enseignant qui élève sa fille seul. Récit sur l’enfance, celle abîmée des parents et celle pleine d’amour mais instable de leur progéniture, cette émouvante dramédie estivale épouse à la fois les regards de Nuage, ado brillante et désireuse d’avoir une vie plus ordinaire, et de son père écorché vif. Au risque d’être un peu bancal ou d’exploiter insuffisamment certaines jolies idées. Entre tendresse et âpreté, Mikado n’en reste pas moins un récit séduisant dans sa façon d’aborder son sujet. Il y a là un regard délicat et des personnages attachants incarnés par des acteurs qui ne le sont pas moins, Ramzy Bedia et la jeune Patience Munchenback en tête. Bap. T.
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Voyage avec mon père ★★
De Julia von Heinz, avec Lena Dunham, Stephen Fry. 1h52.
Dans les années 1990, Ruth, journaliste new-yorkaise, décide de retourner avec son père, né en Pologne et rescapé des camps nazis, sur les traces de leur passé familial. Ce road-movie filial explore, sur le ton de la tragicomédie, le difficile travail de mémoire d’une jeune femme avide de découvrir d’où elle vient et de se réapproprier son héritage et d’un homme qui ne s’est pas remis du traumatisme de la Shoah. La belle complicité entre Lena Dunham (Girls) et Stephen Fry (Oscar Wilde) fait oublier les répétitions de cette escapade cathartique. B. T.
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Bergers ★★
De Sophie Deraspe, avec Félix-Antoine Duval, Solène Rigot. 1h53.
Un publicitaire montréalais décide de devenir berger en France. Après des débuts difficiles, il se voit confier un troupeau de 800 moutons. Débute une transhumance qui va changer sa vie et celle d’une jeune fonctionnaire qui elle aussi a choisi de tout plaquer. Adaptant librement le livre de son compatriote Mathyas Lefebure, la Québécoise Sophie Deraspe (Antigone) suit cette reconversion sans idéaliser le difficile métier au fil d’un récit ayant rencontré un franc succès dans son pays après avoir été primé à Toronto. Formellement, le résultat est beau, pas seulement grâce aux paysages, et l’aventure alpine touchante, mais l’on peut regretter que l’ensemble finisse presque par évacuer la précarité de la profession malgré ce qu’en montre sa première partie. Bap. T.
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Source : Lire Plus
