Les enfants sont gâtés pour les vacances de Pâques. Gilles de Maistre, l’un des réalisateurs français qui s’exportent le mieux à l’international, dégaine sa nouvelle comédie pour petits et grands : Moon le panda. Après l’Afrique (Mia et le lion blanc), l’Amérique du Nord (Le Loup et le lion) et du Sud (Le Dernier jaguar), le globe-trotteur a planté sa caméra dans la province chinoise du Sichuan, l’habitat naturel des pandas géants, de véritables trésors nationaux protégés dans des sanctuaires dédiés.
Pour retracer le parcours initiatique de Tian, 12 ans, envoyé, à la suite de ses mauvais résultats à l’école, chez sa mamie, dont la maison se situe dans cette région montagneuse qui a conservé sa part de mystère. Le garçon délaisse alors sa console de jeux vidéo pour s’aventurer en forêt, où il se lie d’amitié avec un panda qu’il prénomme Moon…
Pas étonnant que le cinéaste de 64 ans franchisse pour chacun de ses longs métrages la barre symbolique du million d’entrées dans l’Hexagone. En effet, enchantement garanti face à ce conte qui va cette fois à l’essentiel : pas d’antagoniste, la dramaturgie est centrée sur la famille en péril (les parents sont au bord du divorce) et la quête d’équilibre du pré-ado, qui doit trouver son chemin de vie. Le choix de la pureté, de la simplicité, de la tendresse, de la douceur fait mouche. Comme celui de ses actrices : Alexandra Lamy et la légende taïwanaise Sylvia Chang, 71 ans, vue chez Johnnie To, Ang Lee ou Jia Zhangke.
« Les autorités chinoises ont été sensibles à mon initiative »
Le mot d’ordre demeure le même : l’émerveillement comme moyen de dispenser un message important, ici la préservation des pandas (dont la population n’excède pas 2 800 individus dans le monde). « Ma démarche est sincère, motivée par l’authenticité, la bienveillance, la candeur, l’éveil des plus jeunes, envers lesquels j’ai une responsabilité car mes histoires sont accessibles dès 3 ans donc il ne faut pas dire n’importe quoi, souligne Gilles de Maistre. On vit dans une société très dure, où on se bat en permanence. Se réfugier dans la nature permet de reprendre son souffle face à sa beauté, sa poésie et sa magie, tout en constatant sa fragilité. » Positif, il envisage le cinéma « avec le cœur » et convoque plusieurs générations de spectateurs autour d’un thème récurrent qui le touche tout particulièrement : l’enfant en souffrance.
Raison pour laquelle il adopte toujours son point de vue. « Quand j’étais gamin, mes parents ne me comprenaient pas, confie-t-il. Je me sentais très seul et malheureux. Je m’ennuyais beaucoup, mais cela a développé mon imagination et ma capacité à rêver. » Il applique encore sa méthode : interagir avec des animaux en chair et en os, au lieu de recourir aux trucages. « Ils nous emmènent dans leur univers, et non l’inverse, précise-t-il. On ne feint pas les sentiments à l’écran. Toujours dans le respect et l’écoute. »
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Gilles de Maistre a obtenu l’autorisation exceptionnelle de filmer les pandas en captivité dans le Sichuan pendant un mois, deux femelles de 9 mois et 2 ans, couvées par quatre soigneurs chacune. « Ils sont sacrés, rappelle-t-il. Alors qu’on ait pu les approcher relève du miracle ! Les autorités chinoises ont été sensibles à mon initiative de sensibiliser l’opinion, car l’espèce est en voie de disparition. » Elles mènent une politique extrêmement volontariste pour repeupler certaines zones géographiques, mais les processus de reproduction et de réensauvagement sont laborieux. « Il faut garder espoir. »
Moon le panda ★★★ de Gilles de Maistre, avec Alexandra Lamy, Sylvia Chang. 1 h 40.
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