Au Parti socialiste, la fronde contre Olivier Faure s’organise à l’approche du congrès. Trois des principaux opposants au premier secrétaire – Nicolas Mayer-Rossignol, Hélène Geoffroy et Philippe Brun – ont annoncé, vendredi 11 avril, fusionner leurs contributions pour déposer un texte commun.
Ce texte n’associe pas encore Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, mais les regards se tournent désormais vers lui. L’ancien conseiller de François Hollande, qui connaît bien la rue de Solférino et ses arcanes, pourrait faire basculer l’équilibre interne du parti. En rejoignant ce rassemblement, il donnerait à cette fronde une assise plus large et, peut-être, la victoire au congrès, prévu en juin prochain.
Tous sont critiques de l’orientation actuelle et partagent un rejet commun : celui de La France insoumise
Ce rassemblement naissant unit des figures de différentes sensibilités du PS, à l’instar d’Hélène Geoffroy et de Nicolas Mayer-Rossignol ou encore de Philippe Brun, député de l’Eure. Tous sont critiques de l’orientation actuelle et partagent un rejet commun : celui de La France insoumise.
La voie de la soumission
Depuis plusieurs années, Olivier Faure mène le Parti socialiste sur une voie funeste, celle de la soumission à Jean-Luc Mélenchon. Par stratégie, par opportunisme ou par abandon de ses convictions — sans doute un peu des trois — il a aligné le PS sur les positions les plus sectaires, les plus outrancières, les plus éloignées de l’héritage républicain et laïque qui fut celui de Jaurès, de Blum, de Mitterrand ou même de François Hollande. Au fil des élections, il a bradé l’âme d’un parti centenaire pour quelques strapontins de la NUPES.
Depuis la constitution de cette alliance contre-nature, beaucoup de militants socialistes ne s’y retrouvent plus. Ce n’est pas seulement une erreur stratégique — qui aurait suffi à justifier une remise en cause — c’est une faute morale. Faute d’avoir voulu incarner une gauche exigeante, responsable et républicaine, Olivier Faure a préféré flatter les instincts les plus bruyants d’un électorat radicalisé. Il s’est jeté dans les bras d’une extrême gauche souvent brutale, complaisante avec l’antisémitisme, toujours prompte à diviser le pays, notamment en prenant le chemin du communautarisme.
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Hésitations
Depuis le 7 octobre, les hésitations du premier secrétaire du PS face aux ambiguïtés, aux provocations et aux indignités de La France insoumise ont définitivement révélé l’impasse de cette stratégie. Les discours flous, les appels à la nuance face à la barbarie, les hésitations à condamner clairement l’islamisme ont blessé nombre de militants socialistes. Partout dans le pays, loin de la gauche parisienne, dans cette France des campagnes et des villes moyennes que les cadres d’Olivier Faure ne connaissent plus, la colère gronde. Elle dit un rejet profond de cette dérive, de cette complicité avec les égarements mélenchonistes.
Combien de militants doivent encore payer, sur les marchés ou dans les réunions publiques, pour les outrances de Jean-Luc Mélenchon ? Combien de candidats socialistes doivent détourner les yeux, ou baisser la tête quand on les interroge sur leurs alliances ? Le PS de Faure a abandonné ses valeurs pour des alliances de circonstance. Il a troqué la République pour le communautarisme et l’universalisme pour l’indigénisme. Il est temps que cela cesse.
La fronde qui agite le parti aujourd’hui est une chance
La fronde qui agite le parti aujourd’hui est une chance. Pour la première fois depuis des années, la ligne Faure est contestée, frontalement. Cette contestation peut, si elle s’élargit, signer le retour d’une gauche digne de ce nom. Une gauche républicaine, laïque, sociale, ancrée dans les provinces et fidèle à l’esprit de 1905. Une gauche qui ne renonce ni à l’ordre républicain (notamment sur la question de la lutte contre l’insécurité), ni à l’ambition émancipatrice.
Gageons que Boris Vallaud comprendra l’enjeu historique de cette bataille interne. Et que, fort de son expérience, il saura choisir la fidélité aux valeurs plutôt que la fidélité aux jeux d’appareil. Gageons aussi qu’Olivier Faure, s’il devait perdre ce congrès, en acceptera le verdict avec dignité, et ne recourra pas aux manœuvres de congrès qui ont trop souvent entaché l’histoire du PS.
Une gauche digne de ce nom
Si l’alternance de ligne s’opère, elle ne sera pas sans conséquences. Elle rééquilibrera toute la gauche française, en offrant enfin un contrepoids sérieux et structuré à La France insoumise. Cela est indispensable. Car il n’y aura pas de victoire électorale possible pour la gauche sans une réconciliation avec le peuple français. Et le peuple ne fait pas confiance à une gauche des excès, de la violence, et du chaos.
Pour espérer gouverner à nouveau, la gauche doit parler à tous les Français, non à une minorité radicale
Pour espérer gouverner à nouveau, la gauche doit parler à tous les Français, non à une minorité radicale. Elle doit cesser de faire du bruit, et recommencer à faire le bien. Il n’est pas trop tard pour le Parti socialiste. Mais le moment est venu de choisir : entre la fidélité à ses valeurs ou la survie dans l’ombre du mélenchonisme. À Nancy, c’est cela qui se jouera.
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