En cas de conflit de haute intensité, de nombreux spécialistes et responsables politiques reconnaissent que la France ne saurait se défendre dans la durée. Munitions, avions, chars, navires de guerre… les armées françaises ont besoin de se renforcer en profondeur ; mais paradoxalement, elles disposent des meilleures armes du marché. Souvent décrite comme échantillonnaire, l’institution militaire tricolore reste redoutable grâce à un matériel « made in France ». Dans un « Top » non exhaustif, le Journal du Dimanche vous présente les cinq armes françaises les plus redoutables.
Si la France ne produit plus de chars Leclerc depuis 2008, elle ne cesse de rénover son stock de 222 unités. Conçu par KNDS (ex-Nexter) et entré en service dans les années 1990, ce blindé de 60 tonnes est armé d’un puissant canon de 120 mm, doté d’un système de conduite de tir numérique avancé et d’une motorisation performante (1 500 ch pour 56 tonnes). Il se distingue par sa grande mobilité, sa précision et son autonomie opérationnelle. Son blindage modulaire lui assure une bonne protection face aux menaces modernes comme les lance-roquettes ou les mines. Le char Leclerc XLR est également doté du système de communication SCORPION (SICS), qui permet à l’engin de s’intégrer dans un réseau de combat collaboratif, échangeant des données en temps réel avec d’autres véhicules (Griffon, Jaguar, etc.).
Cependant, il est coûteux à entretenir et sa complexité électronique peut le rendre vulnérable à des pannes en conditions difficiles. Moins exporté que ses homologues (Leopard 2, Abrams), il souffre également d’un manque de standardisation. Néanmoins, sa capacité à tirer en mouvement, à réagir rapidement et à opérer dans un environnement numérisé en fait un outil de combat moderne et performant, adapté aux guerres de haute intensité et aux opérations interarmées. « Le char Leclerc est le premier char de combat de 3ᵉ génération qui représente l’essentiel d’un système d’arme novateur. Il constitue l’outil de coercition et de décision majeure de l’armée de Terre », explique le ministère des Armées.
4. Système sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T) – Mamba
Le système sol-air moyenne portée terrestre est en service en France depuis 2010 et affiche un champ d’action d’une centaine de kilomètres, selon le ministère français des Armées. Il se compose d’un radar Thales (Arabel), qui repère les menaces, d’un système de lancement, et de huit missiles Aster 30 Block 1 (MBDA) par lanceur. L’Aster 30 est capable d’atteindre Mach 4,5 (5 512 km/h) en à peine 4 secondes, de traiter des cibles manœuvrantes, mais aussi des missiles balistiques. Ce système offre une « bulle de protection » à une force terrestre en mouvement ou à des forces déployées sur un théâtre d’opération, explique le ministère des Armées.
Parmi les autres missions du SAMP/T – Mamba, l’institution révèle que le matériel sert également à protéger des sites à haute valeur, permet une défense simultanée sur 360° contre les menaces aériennes conventionnelles et balistiques, et participe « à la sauvegarde du territoire ».
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Sur le marché, le système de défense anti-aérienne développé par MBDA et Thales est le seul matériel européen opérationnel à afficher de telles capacités. Avec sa combinaison de mobilité, de puissance et de sophistication, il rivalise avec les grands noms comme le Patriot américain ou le David’s Sling (Fronde de David) israélien. Au total, la France dispose de 8 unités.
3. Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) – Classe Barracuda
C’est le nouveau bijou de la Marine nationale. Dans l’arène des grandes puissances maritimes, le Barracuda confère à la France la capacité de frapper fort… et sans prévenir. Conçus par Naval Group, ces submersibles ultra-modernes remplacent progressivement la classe Rubis. Dotés d’une propulsion nucléaire, ils peuvent opérer des mois sans refaire surface, tout en atteignant des profondeurs classées « secret défense ».
Considéré comme l’un des meilleurs SNA au monde
Leur force ? Une discrétion acoustique exceptionnelle, une polyvalence tactique (lutte anti-navires, anti-sous-marins, renseignement, mise en œuvre des nageurs de combat avec leur matériel), et surtout la capacité de frapper en profondeur grâce au missile de croisière naval (MdCN). À ce jour, seulement deux SNA de nouvelle génération ont été admis au service actif, mais ils seront au nombre de six d’ici 2030. Ces submersibles offriront à la France une capacité stratégique moderne, discrète et redoutable. Moins massif qu’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins mais plus maniable, il est considéré comme l’un des meilleurs SNA au monde, aux côtés des modèles américains (Virginia), britanniques (Astute) ou russes.
2. Missile ASMP-A
Silencieux et ultra-rapide : le missile ASMP-A (Air-Sol Moyenne Portée – Amélioré) est l’arme nucléaire aéroportée qui incarne la force de frappe stratégique de la France. Mis en service en 2009 et conçu par MBDA, ce missile est destiné à percer les défenses les plus redoutables, assurant la crédibilité de la dissuasion nucléaire française. Embarqué sous les ailes du Rafale (Air et Marine), l’ASMP-A est un missile supersonique (Mach 3+), à trajectoire semi-balistique, capable de déjouer les radars et les défenses antimissiles grâce à sa vitesse et sa manœuvrabilité. Sa portée exacte est classifiée, mais estimée entre 500 et 600 km, ce qui lui permet de frapper en profondeur sans que le porteur ne pénètre directement l’espace ennemi.
Son ogive nucléaire TNA (tête nucléaire aéroportée) a une puissance estimée à 300 kilotonnes, configurable selon les besoins, ce qui permet une réponse « graduée » à une menace. L’ASMP-A n’est pas conçu pour être utilisé en premier, mais pour signaler la détermination française à défendre ses intérêts vitaux — un avertissement stratégique, clair et précis. Utilisé uniquement dans un contexte de dissuasion nucléaire, ce missile est une pièce maîtresse de la composante aéroportée de la force de frappe, complémentaire des SNLE et des missiles balistiques. Il est prévu qu’il soit remplacé dans les années 2030 par un successeur, l’ASN4G, encore plus rapide et furtif.
1. Missile M51
La dissuasion nucléaire française repose en grande partie sur un missile redoutable, tapi dans les profondeurs océaniques : le M51, embarqué à bord des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Le Triomphant. Mis en service en 2010, ce missile balistique intercontinental est l’outil ultime de la dissuasion française : indétectable depuis ses vecteurs (les SNLE patrouillant en permanence), il garantit à tout adversaire qu’une attaque nucléaire contre la France serait suivie d’une riposte massive, inéluctable et dévastatrice.
La dissuasion nucléaire française repose en grande partie sur un missile redoutable
Conçu par ArianeGroup, le M51 mesure environ 12 mètres, pèse près de 56 tonnes et peut s’élever à 2 000 kilomètres d’altitude avant de parcourir plus de 8 000 à 10 000 km, selon sa configuration. Il transporte plusieurs têtes nucléaires, chacune capable de frapper une cible distincte. Propulsé par trois étages, il atteint une vitesse de plus de Mach 20 en phase terminale, soit environ 7 kilomètres par seconde. Sa trajectoire balistique, combinée à des manœuvres d’évitement, le rend extrêmement difficile à intercepter, même par les systèmes antimissiles les plus avancés.
En constante évolution, il a déjà connu plusieurs versions (M51.1, M51.2), et la version M51.3 est en développement pour renforcer sa pénétration face aux défenses du futur. Cette dernière emportera une dizaine de têtes nucléaires et aura une portée supérieure à 10 000 kilomètres. Un tir d’essai, sans charge nucléaire, a eu lieu avec succès en novembre 2023.
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