Parmi les quatre saisons, le printemps symbolise le renouveau. Il marque le retour des oiseaux migrateurs, l’allongement des journées et la floraison des jardins. Visiblement, les rayons du soleil renaissant ont du mal à percer jusqu’à Saint-Étienne. Le club stéphanois ressemble à un bourgeon qui peine à éclore. Après être remontée de Ligue 2 l’été dernier, l’ASSE est sur le point d’y replonger. L’automne et l’hiver furent sombres et les défaites nombreuses dont un cinglant 8-0 à Nice (le 20 septembre), un douloureux 5-0 à Rennes (le 30 novembre) et un implacable 6-1 à domicile face au PSG (le 29 mars).
Avec un effectif parmi les plus inexpérimentés du championnat, l’équipe dirigée depuis décembre par le Norvégien Eirik Horneland végète à l’avant-dernière place. « Je trouve que l’on manque de maturité », analysait le technicien le 9 février, après une nouvelle défaite à domicile contre Rennes (0-2). « Cette saison est très difficile, nous la vivons très mal. Mais l’inexpérience n’explique pas tout », concède, rempli d’amertume, Jean-Guy Riou, président de l’Union des supporters stéphanois (USS).
Pour ce passionné, les failles sont nombreuses au sein d’un club historique du paysage footballistique français : « Nous avons accédé à la Ligue 1 de manière un peu chanceuse. L’an dernier, nos adversaires directs n’ont pas été performants, et dans le même temps, le club a été racheté par un nouveau propriétaire [le groupe canadien Kilmer Sports Ventures, NLDR] », poursuit cet amoureux du club depuis 1976. Ce changement d’actionnaire durant l’intersaison a eu des conséquences négatives sur le plan sportif, la période estivale n’ayant pas permis de renforcer l’effectif comme espéré. Résultat ? Une défense champêtre, la pire du championnat, avec 67 buts encaissés en 29 matches.
Les difficultés de l’ASSE ne se limitent pas au rectangle vert et à sa pelouse humide. Son « chaudron », le stade Geoffroy-Guichard, est également fragilisé par une procédure de dissolution engagée par le ministère de l’Intérieur à l’encontre de deux groupes ultras. « Entre 2021 et 2025, les Green Angels se sont rendus coupables de dix faits de violence grave et les Magic Fans de treize entre 2020 et 2024 », souligne Beauvau. L’un des incidents les plus marquants remonte à mai 2022, lors du barrage retour pour se maintenir – en vain – en Ligue 1 face à Auxerre.
La défaite avait déclenché un envahissement de terrain, accompagné de jets de pétards et de fumigènes. Les forces de l’ordre étaient intervenues avec des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Bilan : plus d’une trentaine de blessés légers, dont deux joueurs auxerrois, et « des centaines de milliers d’euros de dégâts pour la collectivité », selon les autorités.
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« L’image des groupes de supporters, c’est la violence et l’alcool : c’est faux ! Ils jouent un rôle social important dans la ville », répond Jean-Guy Riou. Alors que les deux groupes devraient bénéficier d’un sursis, l’homme de 56 ans insiste : « Ces gens œuvrent pour la Ligue contre le cancer, organisent des maraudes, collectent des jouets pour les enfants défavorisés… Personne ne parle de ça », regrette-t-il.
Mal en point mais pas encore fané, l’ex-géant vert du foot peut encore croire au maintien. Il reste cinq matches en L1 et seulement trois points le séparent du barragiste havrais. Le sprint final commence dès ce soir (20 h 45) avec la réception de l’Olympique lyonnais, qui se remet à peine de son incroyable élimination en Ligue Europa par Manchester United jeudi, après une interminable prolongation. « La couleur verte est celle de l’espoir. Tant que le maintien est mathématiquement possible, il faut y croire ! » clame Jean-Guy Riou, cofondateur de l’USS, revigoré après le match nul encourageant face à Brest (3-3) le week-end dernier. Pour les supporters de Saint-Étienne, espérons que le célèbre dicton se vérifie : « Après la pluie, vient le beau temps. »
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