
Ils s’étaient souvent rencontrés. Six fois en sept ans. Et pourtant, ils ne parlaient pas toujours la même langue. D’un côté, un pape engagé, politique jusqu’au bout de la soutane. De l’autre, un président français, enfant du siècle, pétri de philosophie moderne et gardien d’une laïcité parfois soupçonneuse. Entre François et Emmanuel Macron, il y eut du respect, de l’intelligence, mais aussi des malentendus persistants. La mort du pontife, survenue dans la nuit du 20 au 21 avril, referme cette séquence singulière entre Paris et Rome.
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Lors de leur première audience, en 2018, le ton fut chaleureux. Le chef de l’État français, tout juste élu, se rendit au Vatican pour un entretien d’une heure — un record pour un président français. Le pape, jésuite austère et chaleureux à la fois, appréciait les esprits ouverts. Et Macron, formé à la pensée de Ricœur, savait parler valeurs et spiritualité. Ensemble, ils évoquèrent l’Europe, les défis migratoires, la crise écologique. Sur ces sujets, un terrain d’entente fut trouvé.
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Mais très vite, les divergences de fond s’installèrent. Sur la bioéthique, la fin de vie ou la GPA, le pontife ne dissimulait ni ses inquiétudes ni sa désapprobation. Sans jamais nommer Paris, François multiplia les mises en garde contre une modernité sans boussole. À Rome, on suivait les débats français avec une forme de perplexité.
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Ce que le pape comprenait mal, c’était cette manière française de reléguer la foi au rang d’affaire privée
Ce que le pape comprenait mal, c’était cette manière française de reléguer la foi au rang d’affaire privée. Lui parlait au monde. Macron parlait à un pays. En décembre 2024, le Vatican déclina l’invitation à présider la messe de réouverture de Notre-Dame. Un geste remarqué, que le président français reçut sans colère, mais avec une forme d’incompréhension.
Quelques jours plus tard, pourtant, François fit un déplacement surprise : en Corse. À Ajaccio, il participa à un colloque sur la piété populaire en Méditerranée, puis s’entretint avec Emmanuel Macron sur le tarmac de l’aéroport. Quarante-cinq minutes d’échange à huis clos, sur l’Ukraine, le Proche-Orient et l’intelligence artificielle. Un détour perçu par beaucoup comme un choix : celui des périphéries, chères au cœur du pape, plutôt que celui du prestige parisien.
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Il restera de cette relation une image. Celle d’un président s’inclinant devant un vieil homme en blanc, affaibli mais debout, certain de ses convictions. Entre les deux, un dialogue exigeant, feutré, parfois rugueux, mais toujours respectueux. Un dialogue à la française.
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