« Un premier tour à surprises » prophétise à la Une le JDD, ajoutant que « l’atomisation des candidatures et le vote protestataire peuvent conduire à des résultats étonnants ». Le fait est qu’en ce dimanche 21 avril 2002, pour le premier tour de la 8e élection présidentielle sous la Ve République, l’offre est abondante et les repères perdus.
Ils sont 16 candidats contre 9 seulement au même stade en 1995 et les sondeurs se retrouvent devant un cas de figure inédit, sans compter que l’abstention s’annonce élevée. Pascale Amaudric l’annonce : « indifférence, vote désolé, ludique, ‘‘fun’’, sérieux, fou ou réfléchi, il peut y avoir de tout dans ce scrutin ». Et les politologues s’inquiètent.
Cette élection intervient après cinq ans de cohabitation entre le Premier ministre socialiste PS, Lionel Jospin, et le président de la République RPR, Jacques Chirac. Les deux camps politiques n’ont jamais cessé de se marquer au plus près. Le PS, dans sa pré-campagne, propose : « la France en mieux, la France ensemble » tandis que Chirac a répondu par le slogan « la France en grand, la France ensemble ».
Chirac et Jospin sont pratiquement sûrs d’être qualifiés, mais à un niveau très bas. L’important pour chacun est d’arriver en tête et de créer très vite une dynamique sans donner dans l’affolement. En 1995, Jospin avait crée l’événement à 23,3 %, mais Chirac à 20,8 % avait l’arithmétique pour lui avec les 18,6 % de Balladur. Cette fois, il ne l’a pas.
Beaucoup jugent la campagne de Jospin terne, empesée, illisible
Beaucoup jugent la campagne de Jospin terne, empesée, illisible. Celle de Chirac a été axée presque entièrement sur l’insécurité, thème cher au candidat du FN, Jean-Marie Le Pen, qui, dans les sondages, plafonne à 15 % des intentions de vote. Quand les résultats tombent, c’est la stupeur. Votants : 29 495 733 voix. Pour Chirac : 5 665 855 voix. Pour Le Pen : 4 804 713 voix. Pour Jospin : 4 610 113 voix.
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Cette date du 21 avril 2002 demeurera inédite dans la vie politique française. Pour la première fois, un candidat d’un parti classé à l’extrême droite se trouve qualifié pour le second tour d’une élection présidentielle. Et pour la deuxième fois, après 1969, la gauche n’est pas représentée dans la course à l’Élysée.
Le soir même, Lionel Jospin, digne, annonce son retrait définitif de la vie politique. Il a sans doute été victime d’une majorité trop plurielle. Jean-Marie Le Pen bombe le torse et Chirac a déjà en tête de refuser le débat d’avant le second tour. Une onde de choc vient de passer sur la France, abasourdie, traumatisée.
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