Le 9 juillet 2013 : François consacre son premier voyage pontifical aux migrants, faisant du sujet de l’immigration un marqueur de son pontificat. Sur l’île italienne de Lampedusa, il dénonce « la mondialisation de l’indifférence » qui fait de la Méditerranée « un cimetière ». En 2016, il lance un appel solennel depuis le camp de migrants de Lesbos, dont il ramènera trois familles syriennes musulmanes, avant de retourner sur l’île grecque en 2021 pour supplier d’arrêter ce « naufrage de civilisation ». En ayant l’air de ne pas entendre le cri des populations européennes qui s’inquiètent de plus en plus ouvertement des menaces que cette immigration extra-européenne fait justement peser sur leur civilisation.
À Marseille, en septembre 2023, le pape appelle de nouveau l’Europe à choisir « la culture de l’humanité », lui demandant « des actes » pour juguler « les tragédies des naufrages provoqués par le fanatisme de l’indifférence ». Dans son message, lundi, la Conférence des évêques de France a salué cet engagement : « Nous gardons en mémoire son appel plein de gravité et d’émotion à ce que notre pays et les autres pays européens ne perdent pas leur âme en se fermant aux migrants. » Le pape est allé loin dans l’injonction à l’accueil.
Si, en 2017, François appelait les gouvernants à « évaluer avec sagesse et prévoyance jusqu’à quel point leur pays est en mesure d’offrir une vie décente aux migrants […] sans porter atteinte au bien commun des citoyens », il déclarait finalement le contraire un an plus tard, dans un message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié : « Le principe de la centralité de la personne humaine […] nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. »
Ce jour-là, le souverain pontife ne répond pas à ceux qui objectent que la sécurité personnelle des autochtones dépend pourtant de leur sécurité… nationale. L’incompréhension de nombreux Européens, parfois eux-mêmes victimes oubliées de cette immigration, reste sans réponse. Plus encore, le pape n’hésite pas à critiquer vertement et directement leurs options politiques, appelant les gouvernants à préférer les ponts aux murs. Jusqu’en novembre 2016, date à laquelle le pape introduit une nuance dans son propos qui demeurera pourtant globalement inchangé.
Il revient alors d’un voyage en Suède, pays dont le gouvernement social-démocrate avait entamé un durcissement drastique après avoir accueilli, en 2015, plus de 160 000 réfugiés. Il répète alors que « l’Europe s’est formée avec les migrations », mais concède que « les gouvernants doivent aussi être prudents ». Recevoir « plus de personnes qu’il n’est possible d’en intégrer » peut être une imprudence, estime alors François.
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Un appel à la prudence réitéré le 9 janvier 2017, devant les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, invités à « savoir conjuguer le droit “de tout homme […] de se rendre à l’étranger et de s’y fixer”, et en même temps de garantir la possibilité d’intégrer les migrants dans les tissus sociaux où ils s’insèrent, sans que ceux-ci sentent leur sécurité, leur identité culturelle et leurs équilibres sociopolitiques menacés ». Le pape affirmait alors que les migrants ne devaient pas non plus oublier qu’« ils ont le devoir de respecter les lois, la culture et les traditions des pays dans lesquels ils sont accueillis ».
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