Quelle belle idée a eu Mourad Winter de réunir dans son premier film adapté de son roman éponyme les humoristes et comédiens Laura Felpin et Hakim Jemili. Un duo qui fait des étincelles, contribuant à la réussite de cette comédie romantique tout sauf nunuche et même osée avec ses saillies à rebours du politiquement correct. Baptiste Thion
De Mourad Winter, avec Hakim Jemili, Laura Felpin. 1 h 37.
La Chambre de Mariana

On n’en doutait pas vraiment : Mélanie Thierry est capable de tout jouer, avec une extrême justesse, comme elle le prouve devant la caméra d’Emmanuel Finkiel, qu’elle retrouve après La Douleur. Et c’est une nouvelle fois à corps perdu qu’elle se donne au personnage de Mariana, une prostituée ukrainienne qui, en 1943, accepte de cacher dans le placard de sa chambre le fils de 12 ans d’une amie de confession juive. Face au jeune Artem Kyryk, elle passe de l’exaltation au désespoir, de la tendresse à la colère avec une intensité désarmante. Un tourbillon de grandes émotions. B. T.
D’Emmanuel Finkiel, avec Mélanie Thierry, Artem Kyryk. 2 h 18.
Série à voir
Le Dôme de verre
De retour dans son village natal, la criminologue Lejla doit affronter les fantômes de son passé. Kidnappée enfant par un ravisseur jamais identifié depuis, elle doit désormais enquêter sur une nouvelle disparition troublante. Elle découvre alors que la plupart des habitants de cette drôle de communauté cachent de lourds secrets… Un polar nordique efficace, bien plus complexe qu’il n’y paraît, magistralement ficelé par l’écrivain suédois Camilla Läckberg. Mêlant une atmosphère glaçante, un suspense implacable et une tension constante. Florian Anselme
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De Camilla Läckberg, avec Léonie Vincent, Johan Hedenberg et Johan Rheborg. Disponible sur Netflix.
À écouter
Vive la Roy !

Ariane Roy est probablement une des artistes de Nouvelle-France les plus créatives et atypiques. Sur son dernier album, les mélodies sont inventives et les arrangements délicieusement rétros ou résolument contemporains, comme sur « Medium plaisir », son premier opus très remarqué. Mais dans « Dogue », la vie effleure (Coule) ou explose plus fort encore, sortie du cœur (I. W. Y. B.), des tripes (Une cigarette sur le balcon), voire plus bas (Tous mes hommages). Une plongée intime et familiale dans l’univers d’une fille, d’une sœur, d’une femme. Georges Grange
Dogue, Ariane Roy.
Ballet
Le réveil de la Belle à Bastille

Endormie depuis dix ans, la Belle au bois dormant sort enfin de sa torpeur. Trois actes, un prologue, 3 h 15 d’enchantement sur la somptueuse partition de Tchaïkovski et la chorégraphie de Rudolf Noureev redonnent chair au conte de Perrault. Colonnes monumentales, costumes pastel, atmosphère féérique : une soixantaine de danseurs animent cette fresque baroque. Bleuenn Battistoni irradie en Aurore cristalline, Guillaume Diop incarne un prince Désiré tout en noblesse et mélancolie. Shale Wagman, nouveau venu dans le corps de ballet, est sidérant d’aisance dans L’Oiseau bleu. Entre les sortilèges de Carabosse, la grâce de la fée des Lilas et les cabrioles du Chat botté, cette odyssée chorégraphique se referme sur un réveil en majesté. Alix Avril
La Belle au bois dormant, à l’Opéra Bastille, jusqu’au 14 juillet.
À lire
L’appel du Nord
Après plusieurs essais ou récits intimes, l’intrépide explorateur Patrice Franceschi nous entraîne dans les terres inexplorées de son imagination : une aventure envoûtante dans un Grand Nord mythique, entre quête initiatique et poésie du grand large. Jean et Sarah croisent la route de Mathilde, une « Sisyphe des mers » intrigante, porteuse de rêves fous et de légendes oubliées. Le récit, sur le fil du réel et de l’imaginaire, cultive l’émerveillement et l’errance. Franceschi interroge ce qui fait le but du voyage : la destination ou le chemin parcouru ? Un roman captivant, toujours vibrant d’idéal et de liberté. G. G.
Dernière lutte avant l’aube, Patrice Franceschi, Grasset, 143 pages, 17 euros.
L’île aux secrets
À Cézembre, silhouette de granit qui se dessine au large de Saint-Malo, Hélène Gestern – reine des enquêtes littéraires – arrime une fresque envoûtante. Yann de Kérambrun, historien désabusé, revient à Saint-Malo pour hériter de la villa familiale. Il y exhume des archives jaunies et les carnets de bord d’un aïeul armateur, et découvre les zones d’ombre de sa lignée et les secrets de famille effacés. Le récit navigue dans le temps, superposant les voix des vivants et des morts. Hélène Gestern continue d’explorer ses thèmes de prédilection : les enjeux de la transmission, le poids des archives et la manière dont nous devons composer avec les silences de ceux qui nous ont précédés. A.A.
Cézembre, Hélène Gestern, Folio, 656 pages, 10,50 euros.
Fais comme l’oiseau

Jean-Noël Rieffel est un fou d’oiseaux. Sa passion ? Observer, avec sa bande d’amis, le passage des oiseaux migrateurs, sur l’île de Sein. Moment pur de curiosité, de joie et de poésie. Ce vétérinaire, qui dirige l’Office français de la biodiversité, a toujours eu l’intuition que ces bêtes à plumes ont beaucoup à nous apprendre. Éprouvé par un divorce, il panse son chagrin en analysant les comportements amoureux des fulmars boréaux ou des fous de Bassan, sur les côtes bretonnes. Un hymne à la vie, rythmé par les marées et le grand air. Armelle Favre
Aimer comme un albatros, Jean-Noël Rieffel, Équateurs, 192 pages, 19 euros.
Qui êtes-vous, Adèle Hugo ?

À l’ombre de son géant de père Victor Hugo, comment Adèle pouvait-elle exister ? Bringuebalée de fuite en exil, déçue par une famille éclatée, malade, elle a décidé de raconter son existence unique, éclairée des derniers feux du romantisme, assombrie par le spiritisme en vogue, révélée par une modernité surprenante. Elle tint un journal, cri d’une femme vivante et témoignage de première main de l’entourage de Hugo. Laura El Makki raconte cette histoire avec talent et sensibilité, au gré d’un ouvrage richement illustré de photographies méconnues. Une personnalité tragique mais combative à découvrir. G. G.
Adèle Hugo, ses écrits, son histoire, Laura El Makki, préface par Isabelle Adjani, Seghers, 216 pages, 23 euros.
Le mot rare
Oaristys : dialogue amoureux
Le printemps ! Les oiseaux chantent, les bourgeons s’ébattent… Au retour des beaux jours, les sentiments aussi fleurissent et les amoureux se disent des paroles tendres. Ces échanges enamourés, oraux ou écrits, le grec les appelle des « oaristys », mot repris par le poète André Chénier, Balzac ou Verlaine – c’est plus mignon que « sextos », vous en conviendrez. Et pour nous appeler encore au mélange des corps, l’oaristys est autant féminin que masculin : aimez, chers lecteurs, c’est le printemps ! G. G.
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