
Le boycott d’Israël gagne du terrain. Le gouvernement espagnol a annoncé jeudi l’annulation d’un contrat d’armement de 6,8 millions d’euros conclu avec l’entreprise israélienne IMI Systems Ltd, cédant ainsi aux pressions de Sumar, le parti de gauche radicale allié des socialistes dans une coalition gouvernementale déjà fragile.
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Le contrat portait sur la fourniture de munitions à la Guardia Civil, l’équivalent espagnol de la gendarmerie. Sa suppression a été saluée par la ministre du Travail, Yolanda Díaz, figure de proue de Sumar et numéro trois du gouvernement. Selon elle, l’Espagne « ne peut acheter des armes à un gouvernement qui massacre le peuple palestinien ». Elle affirme avoir personnellement « négocié » cette annulation avec le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre Pedro Sánchez. « L’engagement de l’Espagne aux côtés du peuple palestinien est total », a-t-elle assuré, qualifiant les opérations militaires israéliennes à Gaza « d’authentique génocide ».
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Une « stigmatisation inacceptable »
La réaction israélienne ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié jeudi soir, le ministère israélien des Affaires étrangères a « fermement condamné la décision du gouvernement espagnol de rompre unilatéralement un contrat signé avec l’entreprise de défense IMI Systems, ainsi que son annonce selon laquelle il s’abstiendra à l’avenir de conclure des accords de défense avec des entreprises israéliennes ».
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Tel-Aviv accuse Madrid de céder à des considérations idéologiques, au détriment des engagements internationaux et des relations bilatérales. « Une telle décision, motivée par des pressions politiques internes, envoie un signal hostile au gouvernement et au peuple israéliens », poursuit le communiqué, dénonçant une « stigmatisation inacceptable » de l’industrie israélienne de défense.
Signé en octobre dernier, le contrat « n’aurait jamais dû exister », estime Yolanda Díaz, qui y voit « une violation flagrante de la légalité internationale ». Son annulation offre un répit politique à Sumar, concurrencé sur sa gauche par Podemos. Une nouvelle défaite sur la question palestinienne aurait été difficilement tenable pour le parti, déjà fragilisé mardi par un revers majeur : le Conseil des ministres a validé un plan d’investissement de près de 10,5 milliards d’euros destiné à porter les dépenses militaires à 2 % du PIB, conformément aux exigences de l’Otan – une ligne rouge pour Sumar.
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Vers une bataille juridique ?
Les conséquences juridiques et financières de cette annulation restent, à ce stade, incertaines. Mercredi, des sources au ministère de l’Intérieur laissaient entendre que les services juridiques de l’État déconseillaient la rupture du contrat, l’Espagne risquant de devoir indemniser IMI Systems… sans recevoir les 15 millions de balles commandées. Jeudi, des sources gouvernementales ont confirmé que « les services juridiques de l’État et les ministères compétents étudient déjà de possibles démarches légales et des réclamations », laissant entendre que Madrid espère encore pouvoir échapper à ses engagements financiers.
Le chef du Parti populaire (PP), Alberto Núñez Feijóo, a vivement critiqué la décision. « Quand un État conclut un contrat avec un autre État, il faut le respecter », a-t-il lancé, rappelant que IMI Systems est une entreprise publique israélienne. « Quel est le prix de l’annulation de ce contrat ? Qui va le payer ? » Du côté socialiste, l’urgence est désormais d’éviter une crise gouvernementale. Le gouvernement Sánchez, qui a reconnu l’État de Palestine en mai dernier, assume pleinement son soutien à la cause palestinienne, quitte à aggraver encore un peu plus ses relations déjà tendues avec le gouvernement de Benyamin Netanyahou.
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