Le JDD. En quoi consiste votre proposition de loi visant à protéger l’école de la République adoptée à l’unanimité au Sénat ?
Laurent Lafon. Cette proposition de loi découle d’une commission d’enquête que nous avons réalisée au Sénat, trois ans après l’assassinat de Samuel Paty. Nous dressons un constat inquiétant sur l’état des violences et des agressions dont peuvent être victimes les enseignants et les élèves à l’intérieur des établissements scolaires.
Parmi les 38 recommandations du rapport, nous avons pris celles qui avaient une dimension législative et nous avons abouti à une proposition de loi qui a été votée début mars au Sénat à l’unanimité.
Quelle est la prochaine étape du parcours législatif ?
Le passage à l’Assemblée nationale. Soit, un groupe s’en saisit, soit le gouvernement l’inscrit sur le temps législatif, ce que je souhaite.
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Quelles sont les principales mesures de cette proposition de loi ?
La première permet à l’administration, en l’occurrence à l’Éducation nationale, de porter plainte à la place de l’enseignant quand il est victime d’une agression ou d’une menace. Ensuite, la proposition de loi préconise de faire bénéficier de manière automatique la protection fonctionne à un enseignement dès qu’il est menacé ou agressé dans le cadre de ses fonctions.
Une troisième mesure permet aux responsables d’établissements, donc les proviseurs, proviseurs adjoints ou les CPE de procéder au contrôle visuel des sacs ou à leur fouille quand il y a un trouble ou une menace à la sécurité au sein de l’établissement identifiée.
En 2021-2022, les deux tiers des établissements du secondaire ont déclaré au moins un incident grave. Quelles sont vos prérogatives pour enrayer la violence des jeunes ?
Il faut parvenir à sanctuariser complètement les établissements scolaires. D’autres mesures simples peuvent être mises en œuvre comme la pose des caméras de vidéosurveillance à l’extérieur, à l’entrée des établissements scolaires. Aujourd’hui, il faut l’accord du conseil d’administration de l’établissement scolaire pour poser une caméra, ce qui peut donner lieu à des discussions longues.
« Il faut redonner la main aux responsables des établissements »
Nous proposons que les collectivités avec l’accord du proviseur donnent leur accord pour poser des caméras. Il faut également revoir les sanctions disciplinaires. Leur écriture doit être changée afin que l’autorité soit réinstallée du côté des proviseurs, des principaux et des enseignants. Il y a également un certain nombre de dispositions à mettre en place pour rendre la coopération entre Éducation nationale, police, gendarmerie et justice plus efficace.
Comment expliquez-vous ce regain de violence chez les jeunes ? Les auteurs sont également de plus en plus jeunes…
La montée de la violence est générale mais effectivement elle atteint des enfants de plus en plus jeunes. Nous avions été surpris de voir qu’il était facile de rentrer dans un établissement scolaire avec des armes blanches. Bien sûr, cela est inacceptable.
Les réseaux sociaux jouent-ils un rôle ?
Oui c’est évident. Les réseaux sociaux sont un espace non régulé. Les paroles ou actes de violences n’y sont ni encadrés ni sanctionnés.
Le drame de Nantes aurait-il pu être évité ? Que pensez-vous de la proposition de François Bayrou d’accentuer les contrôles aux abords des écoles ?
Il n’y a pas de risque zéro. Néanmoins, nous nous questionnons sur le fait de pouvoir entrer avec une arme blanche dans un lycée et le faire sans avoir la crainte d’être pris. Il faut renforcer les dispositifs. La proposition du Premier ministre est nécessaire mais pas suffisante. D’abord, la procédure est relativement longue : il faut faire appel au procureur et les policiers ne peuvent être 24/7 à l’entrée des établissements. Nous préconisons un contrôle à l’intérieur des établissements par ceux qui en ont la direction, à savoir les professeurs et les principaux qui sont à même de savoir quand un élève peut présenter des troubles. Il est essentiel de redonner la main aux responsables des établissements.
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