
Longtemps, le qualificatif de cannibale renvoyait au seul Eddy Merckx, 80 ans au mois de juin. Désormais, il y a un autre anthropophage, né il y a 26 ans dans un petit pays d’Europe centrale. Avec son maillot arc-en-ciel sur les épaules, Tadej Pogacar a faim de victoires comme jamais. À croire que ce titre de champion du monde, décroché en septembre à Zurich à l’issue d’un fantastique raid solitaire initié à cent bornes de l’arrivée, a décuplé son appétit qui était déjà immense.
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Cette saison, dès sa course de reprise, il s’impose fin février sur le Tour des Émirats arabes unis, qui sont aussi le sponsor principal de son équipe UAE. Le 8 mars à Sienne, en Toscane, malgré une chute spectaculaire, « Pogi » dompte en solitaire les Strade Bianche et leurs chemins empierrés. Le 22 sur Milan-San Remo, pour le premier des cinq monuments (les classiques cyclistes les plus célèbres), il doit se contenter de la troisième place, battu au sprint par le Néerlandais Mathieu Van der Poel et l’Italien Filippo Ganna.
Le 6 avril, son accélération dans le Vieux Quaremont lui permet de remporter en solo le Tour des Flandres. Le 13 avril, sans un virage mal négocié sur les pavés de Paris-Roubaix, il aurait pu disputer la victoire au trentenaire Mathieu Van der Poel. Pour un coureur qui découvrait « l’enfer du Nord », cette place de dauphin derrière un spécialiste des parcours défoncés avait quand même de l’allure. Le Slovène (2 Tours des Flandres, 2 Liège-Bastogne-Liège et 4 Tours de Lombardie) et le Néerlandais (2 Milan-San Remo, 3 Tours des Flandres, 3 Paris-Roubaix) en sont désormais à huit monuments chacun depuis le début de leur carrière.
Il y a une semaine, lors de l’Amstel Gold Race aux Pays-Bas, Pogacar a cru refaire le coup de l’attaque tranchante qui lui réussit si souvent. Mais le Belge Remco Evenepoel et le Danois Mattias Skjelmose, tous deux de la génération 2000, réussissent à le rejoindre et dans un sprint à trois, le Nordique se montre le plus rusé. Blessé dans son orgueil de champion, l’ours slovène réagit trois jours plus tard : mercredi, sous une météo exécrable, il décoche la Flèche wallonne grâce à une accélération létale pour la concurrence dans le mur de Huy, dont le pourcentage maximum, effroyable, atteint 19 %. Le visage marqué – comme rarement – par la violence de l’effort, il déclare : « On a bien couru collectivement et on aura un plan similaire dimanche. »
Qui pourra lui résister aujourd’hui ? Van Der Poel ne sera pas au départ de Liège-Bastogne-Liège. Le parcours particulièrement accidenté, avec notamment les côtes de la Redoute et de la Roche-aux-Faucons, présente un dénivelé cumulé important, qui correspond moins aux aptitudes du petit-fils de Raymond Poulidor. Il n’y a d’ailleurs participé qu’à deux reprises (6e en 2020 et 3e, tout de même, l’an dernier). L’adversaire numéro 1 devrait être le champion olympique Remco Evenepoel.
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Le duo se partage les lauriers de la Doyenne depuis quatre ans. Les éditions 2021 et 2024 pour Pogacar, celles de 2022 et 2023 pour le Flamand parfaitement francophone. Comme s’en amuse ASO, l’organisateur, c’est « À toi, à moi ». Quel que soit le résultat cet après-midi aux alentours de 16 h 30 dans la « Cité ardente », le natif de Komenda, près de Ljubljana, a d’ores et déjà prévu de respecter une longue coupure pour préparer le Tour de France où il visera cet été un quatrième titre. Cannibalesque. Tout simplement. g
Canal + vient de consacrer un documentaire (La Grande Ascension) au jeune Français Lenny Martinez, quatrième de la Flèche Wallonne mercredi. Disponible sur myCanal.
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