Dimanche 25 mai, les Internationaux de France s’ouvriront par un hommage au maître incontesté des lieux, désormais retraité des terrains, el señor Rafael Nadal. Le 8 juin, jour de la finale, un autre Espagnol, le prodigieux Carlos Alcaraz, pourrait bien soulever une deuxième Coupe des Mousquetaires d’affilée. Durant la quinzaine, 600 000 visiteurs sont attendus. Auparavant, la semaine de qualifications (du 19 au 23 mai) aura permis à 90 000 spectateurs de venir, à moindre coût, porte d’Auteuil.
Ceux qui n’ont pas eu de billet pourront toujours se rendre place de la Concorde où, à partir du 4 juin, sera installée une inédite fan zone dédiée à Roland-Garros, en accès libre et d’une capacité de 5 000 personnes. Désigné en interne il y a un an, après le départ précipité de celle qui l’a précédé, dans un climat social dégradé à la fédération (FFT), Stéphane Morel dresse un premier bilan et se projette déjà sur 2026.
Le JDD. Quel est l’état d’esprit à un mois de l’événement ?
Stéphane Morel. Il y a plus d’envie que de stress. On a déjà une belle visibilité sur ce que le tournoi sera, hormis l’aspect sportif. Encore que… On a du concret, puisqu’on a publié la liste des joueuses et joueurs éligibles au tableau final [ceux dont le classement les dispense de passer par les qualifications, NDLR]. Tous les contours sont désormais calés. On ne va pas rajouter des surprises de dernière minute.
Diriez-vous que la « surprise » principale ne sera pas porte d’Auteuil, mais place de la Concorde ?
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Non, la principale surprise, on l’espère, sera sur les terrains. On a parlé de cet hommage à « Rafa » Nadal pour débuter le tableau final [le tournoi en tant quel]. Il sera très attendu. Il est vrai aussi que la « tribune Concorde » sera un bel événement, qui permettra de vivre l’expérience Roland-Garros sur des écrans géants sans avoir de billet.
« Nous avons la certitude que les 1,13 million de licenciés atteints l’an dernier seront battus »
On a vu le succès de l’allée des champions au Trocadéro, à Paris 2024. On souhaite revivre ce même type d’émotion. Les champions viendront y présenter leur trophée à la foule.
À Roland-Garros, la billetterie payante a-t-elle atteint un plafond de verre ? Car le stade n’est pas extensible…
C’est très compliqué. Il reste encore quelques places pour les courts annexes en deuxième semaine avec le tennis-fauteuil, les juniors, les légendes, etc. Tout le reste a trouvé preneur dès la mise en vente. « L’opening week » [la semaine de qualifications] reste une façon de se procurer des billets. Mais nous ne pouvons pas accueillir beaucoup plus de monde. On s’en désole puisque cela crée beaucoup de frustration pour ceux qui n’ont pas pu en acheter.
Le tirage au sort pour la billetterie, inauguré cette année, sera-t-il reconduit en 2026 ?
Oui, clairement. L’an dernier, on a décidé que le statu quo n’était pas une option. Il y a eu énormément de monde dans la file d’attente virtuelle, sur Internet. Certains ont patienté neuf heures avant d’obtenir le précieux sésame, qui parfois n’était pas celui souhaité. On a donc mis en place cette année un tirage au sort pour le grand public.
Ce qu’a fait par exemple Taylor Swift [lors de ses concerts en France] ou ce qu’ont fait les JO de Paris. Beaucoup de personnes qui n’avaient pas été tirées au sort se sont quand même connectées, créant une file d’attente. On a du coup mis des codes d’accès. Et là, ça a fonctionné. Ils ont limité également les « bots », ces robots qui polluent les systèmes de billetterie. Je vous confirme donc qu’on va repartir sur un tirage au sort en 2026 avec quelques aménagements actuellement en discussion.
Êtes-vous satisfait des revenus générés par Roland-Garros ?
Le chiffre d’affaires a atteint 346 millions d’euros en 2024. Pour un tournoi de trois semaines, si on prend en compte « l’opening week », c’est plutôt un beau succès. Toutes nos activités économiques sont en hausse : les droits médias, et on sait qu’en ce moment, c’est un peu compliqué pour certains autres sports [allusion au football], les hospitalités, le merchandising, les partenariats, etc. Il y a une forme de cercle vertueux.
Le Grand Chelem parisien justifie donc son appellation de navire amiral de la FFT ?
C’est un fait. Il représente plus de 80 % du chiffre d’affaires de la maison. C’est le poumon du tennis français. Ce n’est pas le cœur. Le cœur, ce sont les 7 500 clubs. Mais le poumon me semble être le bon terme. Sans cette manne de Roland-Garros, développer toutes les actions mises en place par la fédération, qui est une association loi 1901 à but non lucratif, serait évidemment plus difficile.
Les finances d’une fédération dépendent également du nombre de licenciés. Quels sont vos objectifs ?
Nous avons la certitude que les 1,13 million de licenciés atteints l’an dernier seront battus. On vise plus de 1,2 million. Il y a plusieurs moteurs. Le padel en est un. Mais le tennis se porte bien aussi grâce au dynamisme des clubs. Les jeunes filles de moins de 18 ans sont par exemple en progression de 5 %.
La FFT vient de recruter son directeur technique national (DTN), issu du rugby. Comment se passent les premiers pas de Didier Retière ?
Officiellement, il n’arrivera que le 2 mai prochain au sein de la fédération. Mais il échange beaucoup avec nous. C’est un pari qui a été pris d’utiliser les compétences d’un expert issu d’un autre sport pour amener un nouvel éclairage, de nouvelles idées. La signature de Roland-Garros, c’est « bouger les lignes avec style ». On a envie de faire pareil avec Didier. C’est un choix qui s’est fait avec le ministère des Sports.
Pour être clair, il n’aura pas vocation à s’occuper uniquement du haut niveau ?
Exactement. C’est vraiment un rôle de DTN au sens statutaire du terme, c’est-à-dire qu’il va couvrir l’ensemble de la direction technique nationale, des clubs jusqu’au haut niveau, pour l’ensemble de nos disciplines : tennis, para-tennis, beach tennis, padel, etc. C’est un très large spectre et il aura évidemment des lieutenants experts, notamment Ivan Ljubicic qui s’occupe du haut niveau [l’ancien joueur croate est en poste depuis trois ans]. Didier ne va pas dire à Ivan comment faire un coup droit ou un revers, il arrive avec une autre approche, qui est, encore une fois, de faire bouger les lignes.
Un an après votre arrivée, la sérénité est-elle revenue à la fédération ?
J’ai gardé le sourire que vous aviez peut-être vu en 2024. À l’époque, j’avais parlé d’un défi collectif. Je n’étais pas Superman il y a un an. Je ne le suis pas plus aujourd’hui. L’idée était de faire en sorte que les cinq cents collaborateurs de la maison contribuent à sa réussite et soient conscients qu’elle est très belle. Un an après, je ressens de la sérénité. J’espère que les collaborateurs aussi.
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