
Saint Pie V est enterré à la basilique Sainte-Marie Majeure à Rome, celle-là même où le pape François a demandé à être inhumé en raison de sa forte dévotion mariale. Au début de son pontificat, le pape argentin était venu se recueillir sur la tombe de son lointain prédécesseur, dont il souligna ensuite combien il fut « un réformateur de l’Église, qui fit des choix courageux ». À plus d’un titre.
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D’abord parce qu’il gouverna l’Église dans un monde bouleversé, en particulier par l’émergence du protestantisme. Pie V va s’attacher à appliquer les grandes orientations du concile de Trente (1545-1563), qui ne sont pas uniquement une « Contre-Réforme catholique », mais d’abord une exigence de réforme interne née bien avant Luther. Il s’agit de mettre fin aux abus à l’intérieur de l’Église : appétit de l’argent et de la politique des papes de la Renaissance, mondanité et ignorance des clercs, influence des grandes familles italiennes et étrangères… En cela, le pauvre gardien de brebis devenu pasteur de l’Église universelle se démarque de ses prédécesseurs. Lui-même mange peu, dort peu. C’est un religieux ascétique et humble, qui ne vit pas comme un prince de l’Église et incarne une forme de droiture morale.
Sa réforme sera donc avant tout d’ordre spirituel, centrée sur la volonté de transmettre l’intégralité de la foi catholique. Il met l’accent sur la formation des prêtres, qui constituent le cœur de sa réforme. Le prêtre est plus important qu’un cardinal, affirme-t-il, car il agit in persona Christi – en tant que Jésus-Christ – lors du sacrifice de la messe, comme médiateur entre le ciel et la terre. C’est du prêtre que dépendent également tous les sacrements : baptême, confession, mariage… Mais il faut que les pasteurs soient aussi formés. C’est pourquoi Pie V crée des séminaires, publie un missel et un catéchisme sous forme de questions-réponses.
Comme chef d’État, il a également le souci est d’unir la chrétienté contre les Turcs, qui menacent les côtes méditerranéennes. Piètre politique, il parvient cependant à ses fins en recommandant la prière mariale du Rosaire. Ce sera la victoire de Lépante, dans le golfe de Patras, en 1571, malgré la supériorité numérique des troupes du sultan. Son retentissement est considérable : « L’enchantement de la puissance turque fut brisé », écrit Cervantes, combattant sur les galères espagnoles. Mais attribua cette victoire non aux forces humaines, mais à la Vierge Marie. C’est l’origine de la fête de Notre-Dame du Rosaire, le 7 octobre, autrefois appelée Notre-Dame de la Victoire.
Ainsi, en six ans d’un pontificat assez court, Pie V s’est montré à la hauteur des enjeux de son temps : il est parvenu à remettre l’Église en ordre de marche pour rendre l’Église missionnaire face aux défis du nouveau monde qui s’ouvrait. Lors de son élection, il avait affirmé à ceux qui craignaient que son pontificat ne soit pas drôle tous les jours, du fait de son rôle d’ancien grand inquisiteur : « Vous pleurerez plus à ma mort qu’à mon élection ». De fait, à son décès, on s’arrache ses pauvres vêtements pour en faire des reliques ; tous les princes d’Europe en demandent ! Seize ans plus tard, sa réputation de grand pape est telle que sa dépouille incorrompue est transférée dans la basilique Sainte-Marie Majeure par son successeur.
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