L’entrée est soignée. Les deux premiers rangs d’élus sont appelés un à un, tels des joueurs de foot qui prennent petit à petit place sur la chaise à leur nom. The show must go on de Queen retentit dans la salle, Bruno Retailleau se fraie un chemin parmi les militants. Il ne boude pas son plaisir de savourer sa popularité. Frédéric Péchenard, figure du parti, veut immortaliser le moment et monte sur sa chaise pour filmer la scène.
Devant 2 500 personnes, le ministre tente un format plus moderne que les meetings LR habituels. Pas de scène, mais une petite estrade où il livre son discours au milieu de la salle, sans pupitre, sans notes, micro à la main. Une heure de discours. Les jeunes militants ont été placés derrière, les élus au premier rang. Xavier Bertrand a fait le déplacement, Gérard Larcher est aussi de la partie. Ce sont essentiellement des sénateurs qui sont venus soutenir leur ancien président de groupe. Le slogan est clair : il vante une « droite fière et sincère ».
Laurent Wauquiez avait prévenu : il serait difficile pour son concurrent d’allier sa campagne interne et son poste de ministre. Ce week-end en a été le triste exemple : le locataire de la place Beauvau a dû se rendre en urgence hier à Évian-les-Bains (Haute-Savoie) pour rencontrer les collègues du pompier blessé grièvement alors qu’il voulait mettre fin à un rodéo urbain. Dans sa brochure de campagne, le ministre répond directement à la critique de son opposant, vantant sa « liberté de parole », et balayant ainsi d’un revers de main l’idée que ses fonctions gouvernementales l’empêcheraient de s’exprimer clairement et librement.
Dans le même document, les militants peuvent retrouver son bilan au ministère. Retailleau le sait : son portefeuille est sa meilleure carte de visite. Il justifie son choix d’accepter Beauvau, une « décision collégiale » pour « éviter la gauche au pouvoir et Rima Hassan ministre des Affaires étrangères ».
Rapidement, Retailleau revient sur les débuts de sa campagne, on lui avait promis « des coups » : « eh bien, j’en ai reçu de tous les côtés et rendu quelques-uns », ajoute-t-il. Suivant l’idée d’un duo et non d’un duel avec Wauquiez, il explique qu’il réserve ses « coups aux adversaires », faisant huer LFI.
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Il enchaîne avec des propos plus personnels : il est question de son cher village vendéen, de son père, de son grand-père blessé de guerre… Faisant preuve d’humilité, il reconnaît qu’il ne « s’est pas fait tout seul », que les autres l’ont fait. Selon lui, il est entré en « politique avec une dette à honorer, des promesses à réaliser ».
Le Vendéen vante une droite « qui doit devenir une force électorale ». Sinon, « à quoi ça sert ? » interroge-t-il. Il promet donc de « s’engager pour gagner les élections », même si la route vers 2027 est loin d’être tracée pour lui.
Pêle-mêle, il promet plus de démocratie interne et un virage vers le numérique pour le parti
Les « Bruno président » lancés par les jeunes militants placés stratégiquement dans la salle interrompent parfois sa prise de parole. Galvanisé, le candidat promet que l’étiquette LR sera bien présente en 2027. Pas question, donc, d’une union des droites ou de rejoindre le candidat macroniste. Il n’est pas tendre avec son parti, qui « n’a pas sorti une idée neuve depuis des années ».
Pêle-mêle, il promet plus de démocratie interne, un virage vers le numérique pour le parti, mais aussi un référendum sur l’immigration, une politique nataliste, une écologie de droite… Retailleau en est certain, et il le scande : la droite « va gagner ».
Parle-t-il de l’élection de dimanche prochain ? Ou de 2027 ? Il sème le doute, place ses pions. Travail, valeurs républicaines : les thèmes évoqués répondent aux fondamentaux du parti. Le candidat-ministre effectuera encore quelques déplacements de campagne cette semaine, notamment mercredi à Lyon ou jeudi à Saint-Raphaël.
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