Le JDD. Est-ce la première fois dans l’histoire américaine qu’un président tente de créer une sorte de courant culturel ou souhaite influencer le contenu des productions hollywoodiennes ?
Fletcher McClellan. La plupart des présidents, ou du moins beaucoup d’entre eux, ont tenté d’influencer la culture au sens large. John F. Kennedy est l’un d’eux. Je pense qu’il considérait la politique culturelle comme une nouveauté incarnée. Il était le plus jeune président élu ayant une famille jeune. Il a littéralement fait rentrer la culture à la Maison-Blanche. Robert Frost avait d’ailleurs prononcé un poème lors de son investiture.
Ses ambitions culturelles étaient un peu en avance sur la politique à une époque où le Congrès était encore sous l’influence de démocrates du Sud. Ronald Reagan est également un cas intéressant. Il portait des jeans ou accueillait à la Maison-Blanche le groupe de rock sudiste des frères Allman. C’était lui-même un acteur et qui se servait de son expérience à Hollywood (il fut président du syndicat des acteurs) comme d’un instrument de sa « révolution », avec son image de cow-boy acquise grâce aux westerns qu’il a tournés dans sa jeunesse.
Et quel impact peuvent avoir les mesures visant à augmenter les droits de douane sur les productions cinématographiques étrangères ? Trump veut-il sauver Hollywood ?
C’est probablement plus symbolique qu’autre chose. Il y a une sorte de tentative d’aider Hollywood, qui a traversé des moments difficiles avec des grèves importantes et les récents incendies. Je ne sais pas si sa solution est sensée, même s’il est vrai que de plus en plus de productions sont délocalisées à l’étranger pour des raisons de coût. Trump entretient une relation ambivalente, faite d’amour et de haine, avec le monde de la culture. Il a toujours essayé de s’intégrer au milieu influent de New York.
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« Il a alors toujours été partagé entre sa rancune envers l’industrie du divertissement et son désir d’y appartenir »
Et il n’a pas toujours été bien accueilli. Ce personnage, disons peu classique, a pu éprouver du ressentiment comme si on l’avait exclu d’une fête à laquelle il voulait participer. Or, c’est pourtant quelqu’un qui suit de très près l’actualité du divertissement. On le voit tweeter sur telle célébrité ou sur telle ou telle émission qui n’a pas de très bonnes audiences. Son show, « The Apprentice », nominé aux Emmy Awards dans la catégorie « émission de téléréalité », n’a jamais gagné de récompense. Il a alors toujours été partagé entre sa rancune envers l’industrie du divertissement et son désir d’y appartenir.
Dans quelle mesure la nomination comme « ambassadeurs spéciaux à Hollywood » de Mel Gibson, Jon Voight et Sylvester Stallone est-elle symbolique de l’ère trumpienne ?
Stallone, avec sa série de films Rocky, a bâti sa carrière sur les personnages virils. C’est un choix logique et une figure populaire. Mel Gibson, en revanche, est plus controversé, notamment avec les accusations d’antisémitisme qui furent portées contre lui. Mais Jon Voight est le plus intéressant de tous ses soutiens.
Il est républicain et partisan de Trump, mais il continue de jouir aux États-Unis d’un immense respect auprès du public en tant qu’acteur. Je ne suis pas certain toutefois que le choix de ces célébrités ait un quelconque impact. Trump préfère cultiver des influenceurs sur les réseaux sociaux, en ciblant des publics spécifiques, comme les hommes hispaniques. Et on pourrait dire que jusqu’ici, c’était bien plus efficace qu’un soutien de Taylor Swift.
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