
Les professeurs de médecine incarnent l’excellence française : leurs parcours académiques allient la recherche médicale, la formation des internes et la prise en charge des malades. Seulement voilà, comme tout fonctionnaire, ils sont contraints de prendre leur retraite entre 67 et 70 ans. Mais selon une enquête récente, une grande majorité d’entre eux souhaitent poursuivre une activité médicale au-delà de cet âge. Or, leur départ à la retraite représente une immense perte de compétences, d’autant plus en cette période de difficultés d’accès aux soins.
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« L’excellence au service de la solidarité »
Face à cette situation désolante, le docteur Dipak Mandjee (gynécologue-obstétricien) et le professeur Yvon Calmus (hépatologue et gastro-entérologue), retraités de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, ont remué ciel et terre, surmonté de multiples tracasseries administratives pour finalement ouvrir le Centre de spécialités médicales Odon Vallet, en janvier dernier, dans lequel ils proposent des consultations de professeurs de médecine et de praticiens hospitaliers retraités, tous âgés de 67 à 75 ans, pour un tarif de 32,50 euros la consultation (secteur 1). Actuellement, le centre dispose de trois cabinets médicaux au 19, rue Ponscarme, dans le 13e arrondissement de Paris. Dans quelques jours, huit cabinets de consultation seront inaugurés dans ce même arrondissement, boulevard du Général-d’armée-Jean-Simon.
Pour l’instant, 21 spécialistes hospitaliers à la retraite ont signé un contrat, 50 autres sont en cours de recrutement. Que ce soit les professeurs Christian Boitard, diabétologue, membre de l’Académie nationale de médecine, Brigitte Dréno, dermatologue, Vladimir Strunski, ORL, Marc Espié, spécialiste du cancer du sein, ou encore le professeur Frédéric Lioté, rhumatologue, ces médecins hyper-diplômés travaillent un ou deux jours par semaine, moyennant 400 euros par jour.
« Nous avons commencé à nous investir dans ce projet en 2020, en cherchant des solutions aux déserts médicaux. Mais également parce que l’on ne comprenait pas pourquoi, dans ce contexte de difficultés d’accès aux soins, l’hôpital contraignait à la retraite des médecins d’excellence qui souhaitaient travailler encore », explique Jérémy Renard, entrepreneur qui gravite dans le monde de la médecine et président de ce centre. Outre 180 000 euros de la ville de Paris et 100 000 euros de la région Île-de-France, c’est la Fondation Vallet – du professeur des religions Odon Vallet –, dont la devise est « l’excellence au service de la solidarité », qui s’est montrée très intéressée par ce projet en apportant la plus importante subvention, de 600 000 euros.
« J’ai commencé le 15 janvier. Le premier patient que j’ai vu avait un grave problème de santé. Grâce à mon réseau hospitalier, je l’ai fait hospitaliser en 48 heures », raconte Frédéric Lioté, professeur de rhumatologie depuis trente-six ans à l’hôpital Lariboisière. Le professeur Yvon Calmus, un des initiateurs du projet, assure : « Notre motivation est double : rassembler des médecins hospitaliers qui souhaitent conserver une activité clinique, hors du carcan administratif de l’hôpital. Et participer à la lutte contre les déserts médicaux. »
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Alors que les centres de santé parisiens ferment les uns après les autres, faute de moyens, il faut espérer que cette initiative exceptionnelle, regardée avec gourmandise par d’autres villes de France, sera soutenue par les pouvoirs publics.
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