Inoubliable vainqueur de Sabine Lisicki (6-1, 6-4) sur le gazon londonien, il y a douze ans, et ancienne n° 7 mondiale, Marion Bartoli analyse l’actuelle mauvaise passe du tennis féminin français et envisage des solutions pour y remédier.
Varvara Gracheva (68e) est la seule représentante tricolore dans le Top 100. Faut-il s’inquiéter ?
Le tennis féminin français a connu des années plus dorées, mais c’est cyclique. L’Italie a longtemps été en grande difficulté et voilà Jasmine Paolini qui débarque un peu de nulle part, à 29 ans. Elle vient de gagner à Rome et, l’an dernier, elle a été finaliste à Roland-Garros et à Wimbledon. Donc, je pense qu’il ne faut pas se décourager. Les joueuses françaises ont du potentiel. Il y a aussi un concours de circonstances. Diane Parry (22 ans, 105e)et Clara Burel (24 ans, 156e) doivent être dans le Top 50. Malheureusement, elles se sont blessées, n’ont pas pu jouer et sont sorties du Top 100. Mais ce n’est clairement pas le niveau qu’on a connu auparavant.
Que préconisez-vous ?
Selon moi, il faut que les jeunes jouent davantage les compétitions juniors. Avoir remporté un tournoi du Grand Chelem junior (l’US Open 2001) m’a permis de me propulser sur le circuit WTA (le circuit professionnel) assez rapidement. Il faut également que la fédération continue à délivrer des wild-cards (invitations) à de très jeunes joueuses à Roland-Garros, en particulier lors des qualifications. C’est ce qu’ils ont fait cette année avec Cindy Langlais (15 ans), Ksenia Efremova (16 ans) et Daphnée Mpetshi Perricard (16 ans, la seule à avoir franchi un tour).
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Cela vous pèse d’être la dernière vainqueur française en Grand Chelem ?
Pas du tout (rires). C’est plutôt honorifique. Caroline Garcia n’était pas loin quand elle a atteint les demi-finales de l’US Open (en 2022, année où elle gagne le Masters). Mais remporter sept matchs en Grand Chelem, c’est la chose la plus difficile. Moi, j’ai fait une finale de Wimbledon (en 2007) et personne ne s’en souvient. On ne se rappelle que du vainqueur. Du plus profond de mon cœur, j’espère qu’une Française va reprendre le flambeau et gagnera un tournoi du Grand Chelem.
« J’espère qu’une Française va reprendre le flambeau et gagnera un tournoi du Grand Chelem »
La dernière Française à avoir eu les honneurs d’une night session à Roland-Garros fut Alizé Cornet en 2022. L’an dernier, aucun match féminin n’a eu lieu en soirée. Le déplorez-vous ?
La configuration actuelle est d’un seul match en soirée. C’est difficile pour le tournoi de prendre le risque qu’un match féminin s’arrête au bout d’une heure (deux sets gagnants contre trois pour les hommes) avec des gens qui ont payé des billets extrêmement chers, alors que pour le même prix, un billet en journée sur le court central leur permet de voir trois matchs. Pour programmer une rencontre féminine en night session, il faut une très grosse affiche avec une Française ou un match phare. Sinon, c’est logique d’assurer le coup et de programmer une rencontre masculine qui durera au minimum trois sets.
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