
C’est dans une Assemblée quasi déserte qu’un tournant éthique s’est joué ce week-end. À une large majorité, les députés ont voté l’instauration d’un « délit d’entrave » à l’aide à mourir. Une mesure symbolique, mais révélatrice d’un changement profond. Ce mardi 27 mai, place au vote solennel. Le texte a de fortes chances d’être adopté. Mais derrière les chiffres, un doute s’installe : ira-t-il jusqu’au bout tel qu’il est ? Et surtout, doit-il le faire ?
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Ce qui frappe, d’abord, c’est l’absence d’étiquette politique claire sur ce sujet. Le projet de loi, porté par la majorité présidentielle, transcende les lignes habituelles. Les groupes parlementaires ont laissé à leurs membres une liberté de vote totale. Une liberté à double tranchant : elle autorise l’intime, le doute, les états d’âme — mais elle expose aussi la fragilité du consensus.
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Ce week-end, les débats ont illustré cette tension. L’article voté samedi soir crée un « délit d’entrave » à l’euthanasie, calqué sur celui déjà en vigueur pour l’IVG. Deux ans de prison, 30 000 euros d’amende pour quiconque exercerait des pressions morales, des menaces, ou tenterait de retarder la décision d’un patient. Dans l’hémicycle, une poignée d’élus LR et RN s’est opposée à cette disposition, pointant un risque de dérive.
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Un amendement visant à créer, en parallèle, un « délit d’incitation » à mourir — pour rééquilibrer le dispositif — a été rejeté. Le résultat est un texte déséquilibré, estiment ses opposants, qui redoutent que cette loi pensée pour les bien portants finisse par peser sur les plus fragiles. Les vieux, les malades, les dépressifs. Ceux qui, demain, pourraient se sentir de trop.
Mais ce n’est pas seulement une question d’équilibre juridique. Le débat qui s’ouvre est anthropologique. C’est l’idée même de solidarité face à la fin de vie qui vacille. Le « délit d’entrave » n’est pas une mesure technique : il redéfinit ce qui peut être dit, conseillé, partagé. Il trace une frontière entre l’accompagnement et la pression, entre le doute et le délit. Que deviendra l’éthique médicale dans ce nouveau cadre ? Que deviendra la famille, quand la parole d’un proche pourra être soupçonnée d’intimidation ?
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Le texte a été présenté comme un compromis, encadré, balisé. Mais à mesure que les débats avancent, ses failles apparaissent. Et demain, c’est une loi de rupture que les députés pourraient faire entrer dans le droit français. Ce ne sera qu’une étape : le Sénat, plus conservateur, s’apprête à reprendre la main. De nombreux amendements sont déjà annoncés. Le débat ne fait que commencer.
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