
Depuis son arrivée à Matignon, François Bayrou évoluait dans une relative bulle. Ses premières semaines furent rythmées par des propositions audacieuses – comme le référendum budgétaire – ou des polémiques venues de l’opposition – sur ses propos concernant la « submersion migratoire » ou la commission d’enquête sur Bétharram. Mais jamais encore le Béarnais n’avait eu à affronter la pression directe de la rue. C’est désormais chose faite.
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Taxis d’un côté, agriculteurs de l’autre : le Premier ministre voit surgir une double grogne, sectorielle, concrète, bruyante. Et pour la première fois, ce ne sont pas des phrases qui l’exposent, mais des klaxons. Des hommes en colère. Des professions qui réclament, non plus des discours, mais des actes.
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Tout est parti de la réforme des tarifications du transport sanitaire, prévue pour entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif de Bercy est clair : stopper l’emballement des dépenses publiques, qui atteignent 6,74 milliards d’euros sur ce poste, en hausse de 45 % depuis 2019. Mais pour les artisans taxis, ce sont leurs revenus et leur organisation qui sont directement menacés. Plusieurs jours de mobilisation plus tard, François Bayrou a convoqué une réunion samedi et promis un « changement de méthode complet ».
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S’il s’engage à « retravailler » les mesures avec la profession, il reste inflexible sur le fond : ni la date d’entrée en vigueur ni l’objectif d’économies (150 millions d’euros) ne seront revus. Une ligne de crête que les syndicats jugent encore trop raide. En attendant « des mesures concrètes », l’intersyndicale a annoncé le maintien de la mobilisation.
Mais l’alerte ne vient pas seulement des boulevards. Dans les champs aussi, la colère gronde. Alors que l’Assemblée s’apprête à examiner la loi agricole « Duplomb », issue des grandes manifestations de l’hiver 2023-2024, la FNSEA prépare l’entrée de tracteurs dans Paris. Objectif : peser sur un texte menacé par des milliers d’amendements déposés par les écologistes et les Insoumis.
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Le gouvernement sait que l’exaspération paysanne reste à fleur de peau
Si Matignon affirme que cette discussion appartient au Parlement, le gouvernement sait que l’exaspération paysanne reste à fleur de peau. Et après deux années de lutte intense, de mobilisation historique et de promesses souvent différées, les agriculteurs attendent autre chose que de la bienveillance : ils veulent des garanties. Sur leurs revenus, sur la simplification des normes, sur la reconnaissance d’un métier que beaucoup disent sacrifié.
Bayrou, lui, veut croire à sa méthode : celle du terrain, de l’écoute, du compromis. « À chaque difficulté, on la prend et on se met autour de la table », assure-t-il en privé. Mais l’épreuve de la rue n’est pas celle des mots. Et à l’heure où l’État cherche 40 milliards d’euros d’économies pour bâtir le budget 2026, la tentation du recul est grande… et le risque politique majeur. La rue gronde. Et cette fois, elle gronde contre lui.
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