
Une star est-elle née ? Ou bien est-ce une comète, qui filera aussi vite qu’elle a surgi, comme cela se voit régulièrement dans le sport ? « Ce sera à son entourage de l’aider », tranche Marion Bartoli, qui était jusqu’à jeudi la dernière tricolore à avoir atteint les demi-finales porte d’Auteuil (en 2011). Celle qui était au micro lors de la défaite de Loïs Boisson face à l’Américaine Coco Gauff (6-1, 6-2) prévient : « Une autre vie l’attend avec beaucoup plus de sollicitations et des gens qui vont la reconnaître. Dans le vestiaire aussi, toutes les joueuses vont analyser son jeu. »
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Gravement blessée au genou gauche il y a un an (rupture du ligament croisé antérieur) après avoir déjà dû soigner une épaule fin 2021, la native de Dijon pointait au-delà de la 500e place mondiale début mai et n’avait jamais dépassé la 150e. Une victoire à Saint-Gaudens, en Haute-Garonne, dans un tournoi ITF (l’équivalent de la deuxième division), lui avait permis de remonter au 361e rang avant Roland-Garros. Invitée par les organisateurs, elle a brillé : son incroyable parcours sur l’ocre parisien, marqué par l’élimination de deux membres du top 10 (l’Américaine Pegula en huitième de finale puis la Russe Andreeva en quart), lui garantit de grimper à la 65e place du classement qui sera réactualisé demain. Ex 12e mondiale, Tatiana Golovin est optimiste pour la suite : « Ce n’est pas par accident qu’elle est arrivée là. C’est la première fois qu’elle disputait une épreuve de Grand Chelem mais elle avait auparavant remporté des petits tournois. Ça veut dire qu’elle a une mentalité de championne, que dans sa tête elle sait gagner des titres. Je ne pense pas qu’elle disparaîtra. On va la revoir. »
Son entrée dans le Top 100 lui assure une présence dans les principaux tournois, dont le prochain US Open. Pour Wimbledon, les inscriptions étant déjà bouclées, elle doit obtenir une invitation. De l’aveu même de son entraîneur, elle n’a jamais évolué sur herbe. Comment réagira-t-elle ? Car sa panoplie tennistique, notamment ce coup droit qui gicle façon Nadal, est parfaitement adaptée à la terre battue.
Moins aux autres types de terrains. « Je pense que ce sera plus difficile sur gazon », confirme Fabrice Santoro. Celui dont le style atypique enthousiasmait le public prévient : « Laissons-la digérer cette étape. Un tel bond au classement, ça n’arrive pas ! Un tel bond médiatique non plus. Ou alors dans la télé-réalité. Quels que soient ses résultats à Wimbledon, elle a besoin de temps. »
Loïs Boisson peut envisager sereinement son futur financier puisque sa demi-finale lui permet de rentrer chez elle avec un chèque de 690 000 euros
Face à la presse, visage la plupart du temps fermé et adepte des réponses courtes, la Bourguignonne se dit consciente de la situation : « Quand on rentre dans le Top 100, qu’on gagne davantage de matches, les gens s’intéressent un peu plus à vous et c’est logique. Je n’ai pas de pression par rapport à cela. Je suis très bien entourée. Je vais garder les pieds sur terre et tout se passera bien. » Vainqueur de Wimbledon en 2013, Bartoli renchérit : « Pour elle, c’est l’année 1, celle de la découverte. Qu’elle en profite à fond ! Elle verra bien l’année prochaine comment défendre son statut et ses points. » En cas de mauvaise performance à Roland en 2026, Loïs Boisson replongerait mathématiquement dans le classement. En attendant, elle peut envisager sereinement son futur financier puisque sa demi-finale lui permet de rentrer chez elle avec un chèque de 690 000 euros, soit plus de cinq fois la totalité des gains récoltés depuis le début de sa carrière. L’avenir lui appartient, à elle de le faire fructifier.
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