
Il aura fallu des décennies d’alertes répétées pour qu’une prise de conscience ait enfin lieu face à la montée de l’islamisme radical dans de nombreux quartiers. Sa progression, insidieuse et continue, a eu pour corollaires le recul de la laïcité, des droits des femmes, une homophobie et un antisémitisme décomplexés. Aujourd’hui encore, malgré une prise de conscience plus large, le déni et le relativisme n’ont pas complètement disparu.
Publicité
Le récent rapport sur l’entrisme des Frères musulmans s’inscrit dans la lignée de précédents travaux. Il mérite d’être salué. Il rappelle avec justesse l’urgence d’agir face à une menace qui ne cesse de s’enraciner. Pourtant, il aborde encore trop timidement un phénomène tout aussi préoccupant : le déplacement géographique du séparatisme vers les zones rurales. Se contenter d’accuser les élus de clientélisme n’est guère satisfaisant. En réalité, beaucoup de ces élus sont démunis, dépassés et effrayés par les agressions dont ils font l’objet. L’islamisme des champs s’installe méthodiquement dans la France que certains pensent éternelle.
La suite après cette publicité
L’islamisme s’installe méthodiquement dans la France que certains pensent éternelle
Loin des yeux de l’État, plus près de la charia. Loin du tumulte des grandes métropoles, c’est une autre conquête silencieuse qui s’opère. Les communautés s’organisent sans être véritablement inquiétées. La désertification et l’extrême attractivité des prix de l’immobilier sont des aubaines pour les marchands de sommeil communautaire. Les familles s’installent. Rien d’anormal en apparence. Puis, très vite, les repères changent. Un tissu associatif à visée communautaire émerge. Le sport, notamment le football ou la boxe, devient un levier d’influence puissant auprès de la jeunesse. En tant que préfète à l’égalité des chances, j’ai refusé de subventionner certaines de ces activités, préférant encourager des disciplines et des projets culturels porteurs d’ouverture… et moins perméables à l’entrisme islamiste…
La suite après cette publicité
La loi renforçant les principes républicains, courageusement portée, développe des outils pour contenir et combattre l’entrisme islamiste. Toutefois, le courage des politiques qui portent ces mesures s’évanouit dans leur mise en œuvre concrète. Certaines tergiversations administratives sont de puissants diluants de la volonté politique. Au cours de l’une de ces cellules de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR), quelle ne fut pas ma stupéfaction devant l’une des conclusions : relancer une étude plus approfondie pour distinguer plus finement ce qui relève du communautarisme, du communautarisme avancé ou du séparatisme. Une illustration parfaite de cette culture du renoncement, masquée derrière une illusion d’action.
Comment gagner une guerre avec des soldats qui refusent de se battre ? Les islamistes ont compris : là où l’État hésite, ils avancent. Et ils avanceront encore. Depuis plus d’une décennie, j’alerte — comme d’autres — sur cette dérive et ces renoncements qui font le nid des islamismes et des extrémismes. Allons-nous laisser des « Molenbeek ruraux » se développer avant de regarder la situation avec courage ? Il n’est plus temps d’observer, d’étudier ou de tergiverser. Il est temps d’assumer l’action ou d’assumer l’abdication.
Source : Lire Plus






