Au coup de sifflet final, une dernière averse s’est abattue sur Stuttgart au terme d’une semaine contrastée. « Il n’y a plus de soleil, il va falloir rentrer vite », tranchait Kylian Mbappé au micro de TF1 après avoir fait la pluie et le beau temps sur le terrain. Élu meilleur homme du match, le capitaine pouvait repartir avec le sourire, avec un trophée, un 50ᵉ but en Bleu, le premier dans le jeu depuis un an, et une passe décisive pour boucler l’affaire.
Au bord du gouffre face à l’Espagne jeudi quand elle était menée 5-1, la France quitte le Bade-Wurtemberg avec la médaille de bronze de cette Ligue des nations, un moindre mal. « Il y a énormément d’enseignements à tirer de cette semaine, bons comme mauvais, lâchait quand même le Madrilène avant d’aller se mettre à l’abri. En tout cas, on ne s’est pas ennuyés. L’Allemagne à domicile, c’est toujours difficile. Maintenant, place aux éliminatoires de la Coupe du monde, la compétition majeure pour un footballeur international. »
« Il y a énormément d’enseignements à tirer de cette semaine, bons comme mauvais »
Tout le monde le savait depuis le début du rassemblement : le problème, c’était la défense, amputée de nombreux cadres blessés avant et pendant (Lenglet) le tournoi. D’où les débuts dans l’axe à 25 ans de Loïc Badé, sosie sportif de Stomy Bugsy, aux côtés d’un Lucas Hernandez qui n’est plus titulaire au PSG depuis longtemps, et la présence de l’improbable Malo Gusto sur le côté droit, Lucas Digne prenant plus logiquement le flanc gauche. Dépassés par la vitesse et les passes en profondeur des attaquants allemands, Maignan se retrouve rapidement avec une énorme « Kartoffel » (patate) à stopper des pieds de Nick Woltemade, le géant (1,98 m) local du VfB Stuttgart (2ᵉ). Puis c’est Digne qui sauve de la tête sur sa ligne (4ᵉ). Et Maignan encore, qui s’interpose face à Adeyemi, bien plus rapide que Badé et Hernandez réunis (10ᵉ). L’orage a grondé fort, mais il est passé, sans conséquence au score.
À la vingtième minute, Rayan Cherki, titularisé comme espéré par à peu près tout ce que la France compte de fans de foot, sonne le réveil, d’abord en frappant par surprise sur Ter Stegen, ensuite en trouvant la tête de Rabiot, qui oblige le gardien allemand à une superbe parade après rebond. Attention toutefois à ne pas trop s’exposer… Sur un nouveau contre, Adeyemi (couvert par Digne) sème Lucas Hernandez et Maignan ; il s’écroule dans la surface. L’arbitre slovaque Ivan Kruzliak désigne le point de penalty avant de se raviser en visionnant les images, avertissant même l’ailier droit de Dortmund pour simulation (31ᵉ). Tout cela n’empêche pas Wirtz, le prodige national, de trouver le poteau, puis l’intenable Woltemade de contraindre Maignan à une nouvelle parade décisive (41ᵉ).
Badé, des débuts solides en Bleu
La pause approche à grands pas quand Kylian Mbappé, hors du coup jusque-là, hérite d’un excellent centre de Tchouaméni, contrôle, se joue de Kimmich et ajuste Ter Stegen en ouvrant le pied, comme à la grande époque (0-1, 45ᵉ). Le capitaine des Bleus, qui disait jeudi soir « avoir les boules » après la défaite (5-4) face aux Espagnols, inscrit son 50ᵉ but sous le maillot de la sélection, à une longueur de Thierry Henry, à sept du recordman Olivier Giroud. Longtemps malmenés par une équipe allemande tonique, portée par son nombreux public – un stade plein pour une petite finale, ce n’est pas tous les jours que cela arrive –, les hommes de Deschamps regagnent les vestiaires avec un avantage d’un but plutôt bien payé vu les stats (10 tirs allemands contre 4). Côté titulaires débutants, on a vu un bon Badé après la marée du début, et un Cherki dangereux du bon (création d’espaces, audace, technique) comme du mauvais (pertes de balle, dézonage, nonchalance). Le meneur de jeu lyonnais a d’ailleurs été deux fois sermonné par un Didier Deschamps pas encore décidé à partir en vacances dans les vignobles vallonnés qui bordent le stade.
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Pas de changement côté français à la reprise malgré des états de forme disparates. Adrien Rabiot, parmi les plus émoussés, se fait chiper le ballon à 25 mètres de ses buts. Dans la foulée, les Allemands égalisent par le remplaçant Undav (53ᵉ). Mais la charge de Füllkrug sur le milieu de l’OM était trop rugueuse et, après le penalty en première période, c’est le but qui est annulé par le laborieux arbitre après passage par l’écran VAR, à la grande colère des fervents supporters allemands. Et preuve supplémentaire qu’un Allemagne-France vaut toujours mieux qu’une médaille en chocolat : Lucas Hernandez et Jonathan Tah se chauffent dans la surface sur corner. Attroupement, début d’échauffourée, les deux belligérants s’en tirent avec un carton jaune chacun. Cela permet d’oublier les vendanges précoces des Bleus en contre-attaque, Mbappé (trop souvent) et Thuram (parfois) oubliant – ou ne souhaitant pas, pour gonfler leurs stats personnelles – décaler Rayan Cherki, pourtant bien mieux placé qu’eux.
Mbappé buteur… et passeur
Encore vingt minutes à jouer : Deschamps apporte du sang frais en attaque avec les entrées de Michael Olise et Désiré Doué. Le premier amorce une énième charge, on croit qu’il va servir le champion d’Europe, mais c’est Thuram qui hérite du ballon et bute encore sur un excellent Ter Stegen (70ᵉ). Pas mal, mais le meilleur est à venir. Désiré Doué, sans doute le footballeur le plus en forme du monde en cette fin de printemps, centre puissamment – et volontairement – pour Mbappé à l’entrée de la surface. Le Madrilène reprend de volée, la fusée va faire mouche… Non : le gardien allemand s’interpose pour éviter le « golazo » de cette Ligue des nations (79ᵉ). Quatre minutes plus tard, il ne pourra rien sur ce ballon inexplicablement foiré par Koch près du rond central. Mbappé s’échappe et, alors qu’il aura péché par individualisme durant toute la partie, il donne enfin à Olise qui conclut dans le but vide (0-2, 84ᵉ). Buteur et passeur en dépit d’une prestation très inégale, tel doit être le rôle d’un grand du football, qui se rase encore le matin en pensant au Ballon d’or. Les 51 313 spectateurs de la MHPArena désertent gentiment les gradins, résignés : trop maladroite, trop inégale dans ses talents, la sélection allemande termine dernière de « sa » Ligue des nations, laissant aux Français la médaille de bronze.
Un été chargé pour la plupart des Bleus
C’est maintenant une longue route et un été (trop) chargé qui attendent la plupart des Bleus avant les retrouvailles de l’automne, le 5 septembre en Pologne face à l’Ukraine, pour le début des éliminatoires de la Coupe du monde. Dès demain, ou mardi au plus tard, Parisiens, Milanais, Barcelonais, Madrilènes… prendront la direction des États-Unis pour la Coupe du monde des clubs nouvelle formule, encore plus enrichie en matchs et en dotation. Le PSG jouera sa première rencontre face à l’Atlético Madrid d’Antoine Griezmann dimanche 15 juin, à 21 h heure française. Puis, toujours pour les Parisiens, l’heure de la rentrée sonnera dès le vendredi 13 août avec la finale de la Supercoupe d’Europe face à Tottenham, décalant d’une semaine leurs débuts en Ligue 1 par rapport au reste de la troupe.
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