
« Les musulmans de France sont en danger », selon le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Chems-eddine Hafiz publie cette semaine « Défaire les ombres » (Éd. Albouraq, 136 p., 10 euros). Un court essai dans lequel il accuse une partie du discours public d’entretenir un climat de suspicion généralisée envers les fidèles de l’islam. « Mon livre n’est pas le procès de la République, insiste-t-il auprès du Parisien. Mais un appel à ce qu’elle prenne les mesures appropriées pour stopper cela. Elle doit se soucier de tous ses enfants, sans craindre de nommer les choses. »
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La preuve ? Un premier chapitre, rédigé grâce à une intelligence artificielle, à laquelle il a demandé de passer au crible les discours récents sur l’islam : « Un traitement majoritairement à charge », résume-t-il. L’ancien avocat, défenseur de la laïcité, plaide depuis des années pour un islam inscrit dans les valeurs françaises. Mais aujourd’hui, sa voix s’est durcie. Il parle de « stigmatisation » de sa religion dans les discours politiques et médiatiques. Il évoque sans ambages une « instrumentalisation » de la loi de 1905, le texte fondateur de la laïcité en France qui sépare les Églises de l’État.
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Selon le dernier rapport du ministère de l’Intérieur, les actes antimusulmans ont en effet connu une forte augmentation au cours des derniers mois. Bien que les principales victimes d’agressions soient les juifs – 1 570 faits recensés en 2024, contre 173 actes antimusulmans.« Je ne veux surtout pas opposer antisémitisme et islamophobie, ni même les comparer, car les deux phénomènes ne sont pas au même stade, sans parler de la Shoah, tranche Chems-eddine Hafiz. Mais il faut admettre que nous avons été accusés de beaucoup de choses […] Le degré islamophobe est au plus haut. Il ne fait pas bon être musulman en France », estime-t-il.
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Il y a quelques semaines, la France a été secouée par les meurtres d’Aboubakar Cissé et Hichem Miraoui, tous deux musulmans. Face à ces crimes, le recteur dit ne plus pouvoir faire l’impasse sur les mots, s’autorisant le terme « islamophobe », depuis que François Bayrou l’a employé. Tant pis pour les accusations d’« islamo-gauchisme », assume le recteur, pointé du doigt dans le rapport sur les Frères musulmans au sujet d’imams affiliés à la Grande Mosquée. « Je n’ai jamais été contacté par la police là-dessus ! Je n’ai aucune ambiguïté : j’ai toujours combattu l’islam politique », martèle-t-il. Selon nos informations, ses liens ambigus avec certains réseaux proches du frérisme sont toutefois suivis de près par le renseignement.
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