Souvenez-vous. En février 2023, un ballon chinois survolait tranquillement le territoire américain. Durant plusieurs jours, les spéculations et les interrogations se succédaient pour expliquer sa présence non loin d’une base militaire. Finalement, l’engin, soupçonné d’être un outil d’espionnage, était abattu au large de la Caroline du Sud par un chasseur américain.
À l’époque, l’événement, médiatisé dans le monde entier, avait « mis en lumière le sujet de la très haute altitude (THA) », explique le ministère des Armées, alors que des compétiteurs étrangers investissent déjà largement dans cette bande d’atmosphère située entre 20 et 100 km au-dessus de la Terre. « Dans cette tranche d’altitude, au-dessus de notre territoire, nous sommes souverains. Cet espace nous appartient. Un objet tel qu’un ballon : on se doit de le détecter au cas où il représenterait une menace », nous explique le commandant Renaud, de l’État-major des armées.
Avec le développement rapide des technologies aérospatiales, la très haute altitude (THA) s’impose donc comme une zone stratégique. Elle est désormais un espace convoité, à la fois pour ses atouts opérationnels et pour les défis qu’elle pose en matière de souveraineté. « C’est une zone grise, encore peu régulée, mais déjà au cœur des ambitions stratégiques de plusieurs puissances », a affirmé Sébastien Lecornu, tandis que les avions militaires ne peuvent aller au-delà de 18 km d’altitude.
À l’occasion du Salon aéronautique du Bourget, le ministre des Armées a dévoilé, le 17 juin, une stratégie pour redéfinir les rapports de force dans les airs et se donner les moyens d’y opérer. Cette dernière se structure autour de trois volets : la détection, l’interception et l’opération. Le premier volet repose sur des radars qui auront une portée suffisante pour détecter dans cette tranche. « Ce sont des radars conventionnels, qui sont déjà développés et qu’on est capable d’utiliser », détaille encore le commandant, tout en précisant que d’autres projets, comme les radars ultra-haute fréquence montés sur camions, sont en développement. À cela s’ajoutent les capacités satellitaires.
Devenir acteur, plutôt que de subir les attaques
Une fois l’engin détecté, la stratégie ministérielle prévoit de l’intercepter. « L’interception va se faire avec des avions de chasse Rafale dotés de missiles air-air », annonce l’officier, en ajoutant que des moyens de défense sol-air équipés de munitions longue portée (SAMP/T-NG) devraient bientôt arriver dans les stocks des armées françaises. Comme moyens d’interception, Balard aimerait, dans le futur, être doté d’une capacité laser. « C’est conceptuel pour le moment », rappelle le commandant Renaud.
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Enfin, le ministère des Armées cherche aussi à opérer. Devenir acteur, plutôt que de subir les attaques : « Nous voulons utiliser la THA pour des applications telles que le renseignement d’origine image ou encore électromagnétique », détaille l’officier. Ces ballons sont en développement par le CNES et seraient actuellement en phase de test. La très haute altitude présente également des usages civils prometteurs, notamment pour la connectivité des zones isolées (Outre-mer, zones maritimes), la surveillance environnementale ou encore la sécurisation d’infrastructures critiques, comme le Centre spatial guyanais à Kourou.
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