Le JDD. Les partenaires sociaux abordent l’ultime round sur les retraites. Le RN est-il prêt à dégainer une motion de censure ?
Jean-Philippe Tanguy. Le RN n’a jamais mis la réforme des retraites dans la balance d’une censure. Dès la nomination de M. Barnier, on a engagé des discussions sérieuses, dans l’intérêt du pays. On savait que la réforme des retraites était la ligne rouge des Républicains et des macronistes. Nous ne l’avions donc pas posée comme condition, et les Français arbitreront à la présidentielle. Mais M. Bayrou s’est mis tout seul dans une impasse. En croyant gagner du temps, il rouvre une blessure pour des centaines de milliers de Français qui bossent dur.
Votre prudence est perçue comme une manœuvre : cherchez-vous à éviter une dissolution qui empêcherait Marine Le Pen d’être candidate en cas de législatives anticipées ?
C’est factuellement faux. Marine Le Pen a obtenu l’inscription à l’agenda d’une loi de programmation énergétique, à l’issue d’un rapport de force avec Bayrou. Et si Bayrou avait cédé à son administration et à son aile gauche – les Ferracci, Attal et Pannier-Runacher –, elle aurait censuré le gouvernement alors qu’elle venait d’être injustement condamnée. Donc ce procès ne tient pas. La vraie échéance, c’est le budget. Si les socialistes s’agitent aujourd’hui, c’est parce qu’ils savent qu’à l’automne, ils auront sans doute négocié des chèques bien dodus pour les métropoles et les collectivités… histoire d’acheter les municipales, comme à chaque fois.
Soyons clairs : si la gauche dépose une motion de censure sur les retraites, vous ne la voterez pas ?
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Marine Le Pen et Jordan Bardella en décideront. Mais ni l’un ni l’autre n’a dit que l’âge de départ à la retraite était une ligne rouge. En revanche, cette semaine, on vote solennellement le texte sur l’énergie. Et là, attention : si on voit que François Bayrou veut publier la PPE3 par décret, en contournant la représentation nationale, ce sera un casus belli. Parce que ce texte ne se résume pas à une mesure technique. C’est une promesse de ruine énergétique : pour les familles, pour l’industrie, pour l’économie, pour l’agriculture. Une logique de décroissance déguisée, avec des prix qui exploseraient. Ce serait, à nos yeux, un motif de censure très sérieux.
« C’est facile de faire des manifs avec des pancartes et des drapeaux palestiniens. C’est plus dur d’expliquer aux Français pourquoi leur facture d’électricité va doubler, tripler, quadrupler »
Mais cette censure – même justifiée selon vous – ne serait de toute façon suivie par personne, si ?
Peut-être. Mais il pourrait y avoir – sans mauvais jeu de mots – une convergence des luttes. Ce serait intéressant de voir si la gauche assume les conséquences de son programme écologique. C’est facile de faire des manifs avec des pancartes et des drapeaux palestiniens. C’est plus dur d’expliquer aux Français pourquoi leur facture d’électricité va doubler, tripler, quadrupler, avec les propositions des Insoumis ou des Verts. Et là, on verra s’ils assument. Le ministre Ferracci a confirmé que leur politique ferait augmenter les taxes sur le carburant de… 23 centimes par litre. Qu’ils assument.
Vous plaidez désormais pour une règle d’or budgétaire à 3 %, issue de François Bayrou. Cela ouvre-t-il la voie à un compromis avec le gouvernement ?
L’honnêteté oblige à dire qu’on avait accordé deux semaines de plus à M. Barnier, qui avait promis un budget de redressement. Résultat : plus d’impôts, plus de taxes, spoliation des retraités. Pas sérieux. Nous, on n’a jamais refusé un plan de redressement strict. Faut-il rappeler que la première mesure du général de Gaulle, c’était le plan Pinay-Rueff ? Ce n’était pas du socialisme : c’était de la bonne gestion. Et sans bonne gestion, il n’y a pas de souveraineté possible. En 2012, Le Pen refusait la règle des 3 % car on avait encore une marge. Elle avait raison. Depuis, Hollande et Macron ont ajouté 1 800 milliards de dette.
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