
82 000 détenus pour 62 000 places, plus de 4 000 prisonniers sur des matelas… et parmi eux, 24,5 % d’étrangers. C’est le constat que faisait le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, en mars dernier. Il annonçait alors dans le JDD la création d’une « mission spécifique chargée des étrangers en prison », en revendiquant une volonté de changer la culture de son ministère – qui ne s’était jamais préoccupé de ce sujet. Son initiative reposait sur un constat simple : tout le monde s’indigne légitimement de la surpopulation carcérale, et l’expulsion d’étrangers pourrait la réduire.
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La mission devrait être opérationnelle le 1er juillet
Gérald Darmanin avait donc attribué deux missions à cette nouvelle entité créée au sein de son ministère : « Généraliser l’identification des détenus dès leur entrée en prison » – afin de vérifier si la peine peut être purgée dans le pays d’origine et, à défaut, suivre l’incarcération du détenu pour organiser son expulsion avant la libération – et « organiser quotidiennement le départ de ces détenus dans leur pays d’origine », en anticipant notamment les demandes nécessaires d’accords des pays concernés.
Trois mois après cette annonce, Vendôme revendique une « augmentation significative » du nombre d’expulsions de détenus à leur sortie de prison, c’est-à-dire 30 % de plus sur le premier semestre 2025. Dans le détail, le ministère affiche une augmentation de 64 % d’expulsions prononcées par la justice en janvier 2025 (par rapport à l’année précédente), 36 % en février, et 31 % en mars. Une augmentation qui se confirme également sur les expulsions réellement exécutées : 48 % d’augmentation en janvier, 42 % en février et 20 % en mars. Concrètement, 450 étrangers ont donc été expulsés à leur sortie de prison sur cette période.
Les prisons françaises accueillent surtout… plus de 16 000 détenus de nationalité extra-européenne
Mais c’est le 1er juillet prochain que la mission devrait être pleinement opérationnelle, date à laquelle un magistrat prendra ses fonctions à la tête de l’organisation déjà composée d’un directeur pénitentiaire et d’un sous-préfet. Elle aura alors pour mission de poursuivre ce travail et d’entamer un travail bilatéral avec les États européens. Dans le JDD, Gérald Darmanin affirmait en effet qu’« il existe un règlement européen que la France n’applique pas et qui permet aux États membres de transférer des ressortissants détenus, à condition de reprendre les siens. Et ce, sans le consentement du détenu ». Le tout, pour traiter les dossiers des quelque 3 000 ressortissants de l’Union européenne présents dans les prisons françaises. La mission devra également se rapprocher des préfectures, en France, afin d’améliorer la coordination des services chargés d’organiser les départs avant la remise en liberté des détenus étrangers.
Mais les prisons françaises accueillent surtout… plus de 16 000 détenus de nationalité extra-européenne. C’est pourquoi Gérald Darmanin annonce poursuivre, de son côté, son travail bilatéral avec les États extra-européens qui acceptent de discuter sur ce terrain. Le ministre s’est déjà rendu au Maroc, au Brésil ainsi qu’aux Émirats arabes unis, et affirme poursuivre les échanges téléphoniques avec d’autres de ses homologues. Le défi est considérable : si l’on résume, il y a en France, actuellement, plus de 19 000 détenus étrangers.
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