D’habitude, les essais en série sont l’œuvre des ailiers. Pas avec le jeune première ligne héraultais. Il a aplati à sept reprises – un record – lors du Tournoi des Six Nations des jeunes (les U20) remporté avec brio cette année par les Bleuets. Une performance qui lui a valu d’être désigné meilleur joueur de la compétition. Devenu un élément incontournable de l’équipe dirigée par Cédric Laborde, Lyam Akrab a disputé ses premières minutes professionnelles il y a un an sous les couleurs de Montpellier, où il est en formation. Cette saison, il a joué en Top 14 (trois rencontres, un essai) et en Coupe d’Europe (cinq matchs de Challenge Cup, deux essais). Place au championnat du monde (du 29 juin au 19 juillet en Italie) où les « coquelets » figurent parmi les favoris. Le JDD a rencontré ce talonneur, doué d’une large palette technique, juste avant son départ pour la compétition planétaire. Attention, talent à l’état pur !
Le JDD. Meilleur marqueur d’essais des Six Nations U20, ce n’est pas banal pour un talonneur…
Lyam Akrab. C’est vraiment une grande fierté. Je ne m’attendais pas du tout à marquer sept essais. Ce n’était pas un objectif. Je ne pourrai pas l’expliquer. C’est surtout grâce aux performances de toute l’équipe.
Vos futurs adversaires au championnat du monde vous voient-ils désormais comme un « serial marqueur » d’essais ?
Franchement, je ne pense pas. À mon avis, ils se disent surtout : « Attention à la France, il va falloir resserrer nos défenses ! » Parce que nous avons mis un grand nombre d’essais pendant le tournoi de Six Nations [6 par match en moyenne, NDLR].
La suite après cette publicité
Vous mesurez 1,80 mètre pour 102 kilos : vous êtes presque svelte pour un talonneur, non ?
Je vais encore prendre du poids. Mais je ne suis pas comme beaucoup de talonneurs du Top 14. Dans mon club, à Montpellier, Christopher Tolofua est plutôt à 120 kilos. C’est un autre style (sourire). Pareil pour Jordan Uelese qui est à 115. Dans une mêlée, entre les deux piliers, je suis souvent le moins costaud. Avec les U20, j’ai beaucoup joué avec « Momo » [Mohamed Megherbi, pilier toulousain de plus de 150 kilos avec qui il partage sa chambre en sélection] et « Sam » [Samuel Jean-Christophe, pilier toulonnais]. Je me retrouve au milieu. Mais c’est un peu moi qui gère la mêlée. Le rôle du talonneur, c’est de mettre de l’envie et de motiver tout le monde.
Quelles sont vos caractéristiques sur un terrain ?
Je suis explosif, je démarre assez vite et je peux faire jouer les copains. Comme on dit, le talonneur est devenu un quatrième « troisième ligne ». Il doit pas mal courir, apporter du dynamisme et être le patron.
À partir de quand vous êtes-vous dit : « Je vais jouer dans le pack d’avants » ?
Petit, j’étais déjà assez costaud comparé aux autres, c’est pourquoi on ne m’a pas laissé trop le choix. Ensuite, ce sont les entraîneurs qui m’ont mis au poste de talonneur.
Ne craignez-vous pas d’avoir les oreilles « en chou-fleur » [en raison des frottements dans la mêlée] ?
Je n’espère pas (rire). Je suis très bien avec mes oreilles. Ça peut arriver que je mette du strap dessus, mais sinon je ne les protège pas.
Racontez-nous comment vous êtes venu au rugby…
J’ai commencé par le foot, mais ma mère a vu que je poussais un peu tout le monde (sourire). J’étais assez physique. Elle s’est dit : « Bon, on va essayer le rugby ! » Et elle a eu raison. J’ai commencé à 5 ans et j’ai fait une dizaine d’années dans mon petit club qui est le Grésivaudan Belledonne, en Isère. J’ai été détecté par Grenoble [en U15]. J’y suis resté un an et j’ai demandé à partir à Montpellier où j’ai rejoint le centre de formation [en 2020].
« Quand je marque en équipe de France, je représente notre pays à tous »
Et vous avez marqué cette saison vos premiers essais avec les professionnels…
C’est vraiment cool de marquer avec les grands. Quand je marque en équipe de France, je représente notre pays à tous. C’est une grande fierté. En Top 14 ou en Challenge Cup, c’est différent. Mon premier essai, c’était contre les Ospreys, en décembre [en Coupe d’Europe], sur une pénalité à cinq mètres. On avait une combinaison : le talonneur entouré des deux piliers devait foncer. J’ai pris le ballon du haut de mes 19 ans et je suis allé tout droit. J’étais assez content et un peu étonné de marquer contre des professionnels.
En partageant, cette semaine, deux entraînements avec le XV de France à Marcoussis, vous rendez-vous compte de la différence ?
Un très grand niveau nous sépare. Ce sont les meilleurs joueurs à leur poste du Top 14. Mais on apprend beaucoup de choses à s’entraîner contre eux et ça nous aide aussi pour notre Coupe du monde.
Vous imaginez-vous les rejoindre ?
Toute la génération 2005 y pense. Notre but est de performer en club mais aussi de postuler pour des matchs comme celui contre les Anglais à Twickenham (lire ci-contre).
Vous souriez souvent. Est-ce votre nature ?
Oui, j’aime être de bonne humeur, mettre un peu d’ambiance, faire rigoler tout le monde pour que le groupe vive bien. On est plusieurs comme ça. Je suis toujours souriant. Sauf quand je perds !
Source : Lire Plus
