Jean-Luc Mélenchon est au cœur d’une nouvelle polémique. La semaine dernière, lors d’un colloque organisé par le député LFI Aurélien Taché à l’Assemblée nationale, le fondateur de La France insoumise (LFI) a jugé que « la langue française n’appartient plus à la France et aux Français », et qu’elle devrait donc changer de nom.
Dès le début de son discours, l’ex-candidat à l’élection présidentielle a jugé que le français « s’est répandu dans le monde à la faveur du colonialisme », autrement dit « la langue du colonisateur, le véhicule culturel et idéologique par excellence de la domination étrangère et impérialiste ».
« Il est dans le fantasme total et projette sur la langue ses idées sociétales »
L’ancien socialiste a alors choqué en appelant tout simplement… à rebaptiser la langue française : « Si quelqu’un pouvait trouver un autre nom pour [la] qualifier, il serait le bienvenu. » Et de rappeler que celle-ci n’est pas seulement utilisée en France, mais dans une vingtaine d’autres pays dans le monde. « Si nous voulons que le français soit une langue commune, il faut qu’elle soit une langue créole. Je préférerais qu’on dise que nous parlons tous le créole, parce que ça nous arrangerait mieux », a-t-il encore développé.
De la pure propagande ?
Mais qu’en pense une spécialiste en la matière ? Contactée par le JDD, Yana Grinshpun, maître de conférences en sciences du langage à l’université Paris-III Sorbonne Nouvelle, met les choses au clair.
« C’est un propagandiste idéologue. Il est dans le fantasme total, c’est-à-dire qu’il projette sur la langue ses idées sociétales, ses propres émotions et ses désirs », analyse la linguiste, comparant par exemple le leader de LFI à ceux qui « affirment qu’une langue est sexy ou qu’une autre est moche ». Cette dernière rappelle d’ailleurs que « la langue n’est pas que du lexique, mais aussi une morphologie et une syntaxe ».
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Concernant la volonté de Mélenchon de « créoliser » le français, la spécialiste estime que « le terme est mal choisi », puisque « la charpente morphosyntaxique de la langue française est liée au latin ». De plus, il n’y a pas une, mais « des langues créoles qui ont leur propre histoire », rappelle-t-elle. « Les langues des colons européens ont rencontré une diversité de langues africaines. Au fil des siècles, des systèmes linguistiques indépendants sont apparus après que ces langues soient sans cesse en contact. »
« Mélenchon veut déstabiliser les structures et les institutions sociales »
Jean-Luc Mélenchon assure également que « la langue française s’est répandue dans le monde à la faveur du colonialisme ». Une affirmation « complètement fausse », affirme l’universitaire, car le français est « une langue de prestige ». Elle est reprise, par exemple, par « la Russie tsariste, où toute l’aristocratie parlait français », et ce, alors que ce n’était « pas une colonie française ».
Discours électoraliste
Ainsi, le fondateur du parti de gauche radicale « réécrit l’histoire » afin de « plaire à son électorat », estime la linguiste : « Pour lui, la nation française est définie aussi par la langue, qu’il faut donc déconstruire, combattre voire détruire. » Pourtant, « elle n’appartient strictement à personne » étant donné qu’elle est considérée comme « un bien commun donné à la société nationale, linguistique, culturelle ».
Yana Grinshpun l’assure : Mélenchon veut « déstabiliser les structures et les institutions sociales » et aller à l’encontre de la « cohésion » sociale. « Quand on s’attaque à la langue, on s’attaque à la société, à l’école et aux institutions sociétales. » Or, « personne n’a de pouvoir sur la langue », conclut-elle.
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