
À Paris, Annecy, Chamonix ou Saint-Malo, la chasse aux meublés de tourisme est ouverte. Derrière les façades rénovées avec goût et les annonces aux photos léchées, la réalité est plus rugueuse : tensions sur le marché locatif, nuisances pour les riverains, fiscalité avantageuse pour certains… En réponse, le Parlement a durci le cadre législatif. En cet été 2025, les propriétaires comme les voyageurs doivent s’adapter à un paysage réglementaire profondément remanié.
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Des règles locales durcies
C’est la principale nouveauté : depuis la loi Le Meur, promulguée en novembre 2024, les maires des communes touristiques disposent de nouveaux leviers. Ils peuvent désormais réduire la durée maximale de location des résidences principales à 90 jours par an, contre 120 auparavant. Certaines villes vont plus loin en instaurant des quotas par quartier. À Annecy, par exemple, un plafond de 1 000 meublés a été fixé pour le centre-ville. À Chamonix, le nombre de logements par propriétaire est désormais limité à deux.
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L’objectif ? Freiner l’évaporation du parc locatif traditionnel, à l’heure où les jeunes actifs peinent à se loger et où les classes moyennes fuient les centres urbains.
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Déclaration obligatoire et amendes salées
Autre mesure phare : l’obligation de déclaration en mairie pour toute mise en location sur une plateforme comme Airbnb, Abritel ou Booking. Chaque annonce doit afficher un numéro d’enregistrement. En cas d’oubli ou de dissimulation, l’amende peut atteindre 10 000 euros.
Les contrôles se multiplient. À Paris, la mairie a récemment annoncé avoir identifié plus de 1 200 logements non conformes. En cas de dépassement des durées autorisées, la sanction grimpe à 15 000 euros. Certaines communes ont même mis en place des outils de croisement automatisé entre les plateformes et les fichiers municipaux.
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Copropriétés : les voisins prennent la main
Pour répondre aux plaintes liées aux nuisances (bruit, défilé de voyageurs, perte de tranquillité), la loi a également abaissé le seuil pour interdire la location touristique dans une copropriété. Alors qu’il fallait autrefois l’unanimité, une majorité qualifiée de deux tiers des voix en assemblée générale suffit désormais.
Cette disposition permet aux résidences d’instaurer des règlements de copropriété plus contraignants, notamment dans les zones les plus tendues comme le littoral atlantique ou les grandes stations alpines.
Moins d’avantages fiscaux
Sur le plan fiscal, le changement est tout aussi sensible. Le régime du micro-BIC, prisé des loueurs occasionnels, a vu ses abattements sévèrement réduits. Pour les logements non classés, l’abattement passe de 50 % à 30 %, plafonné à 15 000 euros de chiffre d’affaires. Pour les biens classés meublés de tourisme, l’abattement passe de 71 % à 50 %, jusqu’à 77 700 euros de recettes.
Résultat : de nombreux propriétaires basculent vers le régime réel, plus complexe mais souvent plus avantageux, à condition de bien suivre ses charges et d’être accompagné fiscalement.
DPE et performance énergétique obligatoires
Autre nouveauté : la généralisation du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Depuis janvier 2025, seuls les logements classés de A à E peuvent être mis en location touristique. Les passoires thermiques (F et G) sont désormais interdites à la location, y compris pour quelques jours en été.
Ce durcissement, s’il vise à réduire l’empreinte écologique du secteur, impose à de nombreux propriétaires de réaliser des travaux de rénovation pour continuer à louer leur bien — un investissement parfois dissuasif, surtout en résidence secondaire.
Vers une géographie à deux vitesses
Ces mesures n’ont pas les mêmes effets partout. Dans les grandes villes et les zones littorales, la pression immobilière et les quotas locaux dissuadent de plus en plus de se lancer dans la location saisonnière. En revanche, les zones rurales, les villages éloignés des axes touristiques majeurs, pourraient en tirer parti : moins de règles, davantage de liberté, et une demande de plus en plus friande d’authenticité.
Le nouveau contrat Airbnb
En quelques années, le modèle de l’économie collaborative a muté. Le particulier qui louait sa chambre d’amis pour arrondir ses fins de mois est devenu micro-investisseur, rentier partiel, voire professionnel du meublé de tourisme. L’État, les élus locaux et les riverains demandent désormais des comptes.
L’été 2025 ouvre un nouveau chapitre : celui d’une régulation assumée, d’un partage plus équitable du territoire, et d’un équilibre à retrouver entre accueil touristique et droit au logement durable.
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