
Certes, les obstacles seront nombreux, à l’image de ce premier tour face au Français Alexandre Müller. Mais la quinzaine qui s’ouvre ce lundi à Wimbledon peut définitivement consacrer Novak Djokovic comme empereur du tennis. Depuis l’US Open 2023, le Serbe cherche à conquérir sa vingt-cinquième couronne en Grand Chelem, qui ferait de lui le seul joueur de l’histoire, hommes et femmes confondus, à atteindre un tel total.
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Gazon maudit
Il partage pour l’instant le trône avec Margaret Smith Court, même si l’Australienne a remporté treize de ses vingt-quatre titres avant l’ère professionnelle. Inoubliable champion olympique 2024 mais en retrait face aux nouveaux seigneurs du circuit, l’Italien Jannik Sinner (contre qui il s’est incliné au terme d’une féroce demi-finale à Roland-Garros, 6-4, 7-5, 7-6 en plus de trois heures) et l’Espagnol Carlos Alcaraz, le désormais sixième du classement ATP garde-t-il une tête de vainqueur ? « Il peut encore s’imposer à Wimbledon », assure au JDD Jean-Paul Loth, voix emblématique de la petite balle jaune et ancien capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis. « Mais cela dépend de qui lui fera face. Les deux petits bonhommes [Sinner et Alcaraz, NDLR] atteignent par moments des niveaux de jeu que les trois grands [Federer, Nadal et Djokovic] n’ont jamais montrés. Si Djokovic a le malheur de les affronter à leur pic de forme, il ne passera plus. Mais dans un “jour normal”, les deux restent à la portée d’un Djokovic à 100 % de ses possibilités actuelles. »
Celui qui a passé 428 semaines au sommet du tennis mondial, l’un de ses nombreux records, a tout fait pour maximiser ses chances. Arrivé sur place il y a huit jours pour se réhabituer au jeu si particulier sur gazon, on l’a vu s’entraîner avec ses deux principaux rivaux ainsi qu’avec la Biélorusse Aryna Sabalenka, actuelle leader WTA. Avec semble-t-il beaucoup de plaisir. « Même s’il est un peu moins vif qu’avant, il m’a beaucoup impressionné à Roland-Garros, confie Arnaud Clément, ex-n° 10 mondial et finaliste de l’Open d’Australie 2001. Sa demie face à Sinner était époustouflante. Son éventuelle victoire à Wimbledon dépend à la fois de lui – affichera-t-il la même forme ? Je le crois – et des deux autres. Je le placerais en troisième favori derrière Alcaraz, Sinner et devant Jack Draper, qui jouera à domicile. »
L’aura et le passé
Un statut de chasseur qui convient bien à son âge et aux difficultés que Djokovic rencontre aujourd’hui pour enchaîner les matchs, a fortiori au meilleur des cinq sets. « Je ne le vois pas enquiller deux victoires en 48 heures sur l’Espagnol et l’Italien si tel devait être son tableau », admet tout de même l’Aixois.
Restent l’aura et le passé. Ultime membre du « Big Four » encore en activité, l’homme aux 100 victoires en tournoi ATP depuis Genève il y a un mois attire davantage d’indulgence chez ses détracteurs et d’affection chez ses supporters, qui espèrent le voir revenir à la hauteur de Roger Federer avec huit succès aux Championships, le plus ancien des tournois du Grand Chelem. Lors des deux dernières éditions, il avait atteint la finale, battu par Alcaraz. « Si Djokovic doit remporter un autre Majeur, c’est à Wimbledon que cela pourrait se passer, estime Loth. En dehors de l’Open d’Australie (dix victoires), c’est sa meilleure surface. C’est un tournoi en milieu de saison avec des échanges moins longs qu’ailleurs. Cinq heures à Wimbledon n’équivalent pas à cinq heures dans la fournaise de Melbourne ou de New York. »
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Alors, peut-être ? « Je trouverais ça génial qu’un tel champion puisse damer le pion aux deux joueurs les plus dominants du moment, souffle Clément, qui avait battu en 2007 l’étoile montante Djokovic sur le gazon du Queen’s. J’ai toujours adoré être étonné par ces mecs-là, les Nadal, Federer et lui, qui ont eu des carrières aussi longues avec des comebacks incroyables. » Jean-Paul Loth, qui confie n’être pas le plus grand fan du « Djoker » (« À cause de son cinéma, ses sorties de court intempestives, ses supposés problèmes médicaux qui disparaissent aussitôt et ses 25 rebonds de balle en pleine chaleur avant de servir qui emmerdent l’adversaire ») reconnaît que le Serbe « n’a pas besoin finalement d’un nouveau Grand Chelem pour posséder le meilleur palmarès de l’histoire du tennis, et peut-être du sport. C’est lui qui joue le mieux, techniquement il est parfait ». Toujours aussi clivant que « kiffant » à plus de 38 ans.
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