
Le style Stéphanie des Horts. Vitesse d’écriture et choix d’une personnalité flamboyante comme sujet d’étude. Après Rita Hayworth, Pamela Churchill ou les sœurs Bouvier (mieux connues sous les noms de Jackie Kennedy et Lee Radziwill), la serial biographe s’intéresse à Gianni Agnelli : « Incorrigible, irrésistible, il multiplie les conquêtes. Hédoniste, esthète, séducteur. Son nez romain, ses yeux cobalt très étirés, ses cils épais font fondre la gent féminine. Et puis ce sourire charmeur, cette bouche immense d’une folle sensualité. C’est un Italien, c’est le plus beau d’entre eux. Il déteste les imbéciles, les idiots, il aime les gens qui rayonnent. Le luxe et le faste. Il est pressé. Seigneur, comme il est pressé, tout le temps. »
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Raconter les Agnelli, c’est raconter l’histoire de l’Italie
L’héritier de la dynastie Fiat est né avec un service d’argenterie au complet dans la bouche, mais son agitation fait tache au milieu d’un clan dominé par Giovanni, alias le Senatore, fondateur de la célèbre marque automobile. Chez ces gens-là, Monsieur, on est capable de dissimuler à la matriarche la mort de son fils et de son mari, alors même que la presse mondiale rivalise de gros titres sur les deux défunts. Fascinant de suivre à la trace un prince de la jet-set, un de ces hommes toujours là où il faut être, pour citer You’re so vain, la chanson de Carly Simon dont on jurerait qu’elle fut composée pour notre héros.
Les fêtes se succèdent, les femmes aussi, on saute d’une villégiature à l’autre comme d’autres changent de métro. Le monde est son huître, pourquoi se contenter d’une perle quand on peut rafler un collier entier ? Le mariage arrangé par ses sœurs avec la sublime Marella Caracciolo prend les dimensions d’un roman d’aventures : atterrissage d’urgence sur une piste d’aéroport plongée dans l’obscurité, sous peine d’arriver en retard à l’église.
Un battement de cils de Jackie Kennedy sur le yacht de Gianni provoque une tempête à Washington où le président se fend d’un télégramme rageur pour rappeler l’épouse à ses devoirs. Mais l’encre du message fait pâle impression devant les mots du playboy à la barre : « J’aimais Capri quand les comtesses étaient des putains. Maintenant que les putains sont des comtesses, cela ne m’amuse plus du tout. Tu sens le vent qui se lève ? J’adore le vent, parce que l’on ne peut pas l’acheter. » Sur le pont, Truman Capote prend des notes.
Raconter les Agnelli, c’est raconter l’histoire de l’Italie. Les liaisons aussi dangereuses que compliquées du grand-père avec Mussolini. La Juventus de Turin, prunelle des yeux du père, qui deviendrait l’un des plus grands clubs de football au monde et l’emblème de la cité piémontaise. Le rôle décisif joué en 1944 par la mère dans l’organisation d’une rencontre entre le pape Pie XII et le général Karl Wolff, chef suprême de la Waffen SS.
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Mission accomplie : la Ville éternelle échappera à la destruction. Virginia, la mère adorée par Gianni. Son secret, son Rosebud à lui : « Mamma, je t’ai cherchée pendant vingt ans, je t’ai cherchée parmi des jeunes filles, des putains, des femmes fatales. Je t’ai cherchée dans mes collections d’art, mes soirées au casino et mes errances internationales. Je ne t’ai jamais retrouvée. Mamma, mon amour fou… » Virginia Agnelli perdit la vie le 30 novembre 1945 dans un accident de voiture. Au volant d’une Fiat, comme de juste.

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