
En 1987, Antoine Vitez marquait l’histoire du festival par sa mise en scène du Soulier de satin en version intégrale avec la troupe de la Comédie-Française. Soit douze heures de représentation devenues mythiques. Près de quarante ans plus tard, les comédiens du Français dirigés par Éric Ruf retrouvent la cour d’honneur pour une nouvelle mise en scène de la pièce. Avec Marina Hands qui a pris la relève de sa mère Ludmila Mikaël, ce drame de Paul Claudel est l’un des événements de cette 79e édition, à rattraper pour ceux qui l’ont manqué lors de sa création parisienne. Avec la langue arabe comme invitée d’honneur, la manifestation bientôt octogénaire attend autant de monde que l’an dernier, où 121 508 entrées se sont vendues dans le In. Parmi les 42 spectacles présentés cette année, certains dramaturges sont des habitués, comme Milo Rau, Thomas Ostermeier, Christoph Marthaler ou Tiago Rodrigues, le directeur du festival.
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D’autres pièces bruissent déjà de rumeurs enthousiastes, précédées par de bonnes critiques ou portées par leurs promesses. Parmi elles, Fusées, ou les aventures galactiques de deux clowns perdus dans l’espace : avec trois bouts de ficelle et beaucoup d’imagination, Jeanne Candel livre une fable burlesque et inventive entre mimes, théâtre et musique. La comédienne Sarah Le Picard y figure. On la retrouve également dans une autre proposition aussi réjouissante qu’invraisemblable, Les Incrédules, un opéra théâtral avec 52 musiciens qu’elle a coécrit avec Samuel Achache. L’argument ? Une femme apprend par téléphone la mort de sa mère au moment même où cette dernière franchit le seuil de sa porte. À partir de là, les deux artistes vont questionner l’héritage mère-fille et le sens du miracle de nos jours.
Avec Nexus de l’adoration, Joris Lacoste ne devrait pas manquer, lui non plus, de surprendre les spectateurs. Il y célèbre un culte nouveau à la diversité du monde, une ode aux différences, où il est question de cigarette électronique, d’un cerf dans la brume, de baleines à bosse ou de tango argentin, évoqués sous la forme de poèmes, de méditations rythmiques ou de chorégraphies de K-pop. Attendue aussi, Gahugu Gato (Petit Pays), l’adaptation du roman de Gaël Faye où il raconte son enfance au Burundi.
De belles occasions pour battre les pavés de la cité
D’autres témoignages d’exilés et de personnes venant de zones de conflits nous reviennent grâce au micro tendu par Aurélie Charon dans Radio Live, théâtre documenté nourri d’enquêtes journalistiques, de musique et de vidéos. Autre perspective réjouissante, le Brel d’Anne Teresa De Keersmaeker et du danseur Solal Mariotte, au pied des hautes falaises de la Carrière de Boulbon. Quand l’une des plus grandes chorégraphes de ces dernières années se produit dans l’un des plus beaux lieux du festival, le rendez-vous est prometteur.
En marge du In, le succès du Off ne faiblit pas, avec 1 724 spectacles dont 490 créations et près 300 000 visiteurs pressentis. À retenir, À la barre de Ronan Chéneau, une déambulation théâtrale jusqu’au tribunal de justice d’Avignon sur les violences familiales. Autres spectacles à noter dans l’agenda du Off : L’Article 353 du Code pénal, d’Emmanuel Noblet, adapté du polar à succès de Tanguy Viel ; Chinawood, d’après le roman de Clovis Fouin, qui nous plonge dans les coulisses du tournage épique d’une superproduction chinoise avec Mike Tyson, mise en scène par Robin Goupil (Molière 2025 de la meilleure comédie pour The Loop). Ou Nous étions la forêt, une comédie musicale écologique d’Agathe Charnet, jeune auteur dont tout le monde parle. Sous la direction de Léna Bréban, Philippe Torreton devrait aussi marquer les festivaliers en Figaro dans une nouvelle adaptation de la pièce de Beaumarchais, La Folle journée, ou Le Mariage de Figaro. Côté In ou côté Off, les belles occasions ne manquent pas pour battre les pavés de la Cité des papes.
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