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À Rennes, les narco-quartiers s’installent et la mairie ferme les yeux



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6 Juil 2025
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À Rennes, les narco-quartiers s’installent et la mairie ferme les yeux
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En ce début d’été, on parierait qu’il fait bon vivre rue de Suède, au sud de Rennes. À ceci près qu’on remarque, assis sur leurs chaises au milieu d’une rue ponctuée de verdure, trois « choufs » – ces jeunes chargés de surveiller les allées et venues, l’arrivée de la police ou les nouveaux visages. Notre présence est immédiatement signalée par des cris, relancés de bloc en bloc ; la plaque d’immatriculation de la voiture prise en photo. « Ils tiennent le quartier », résume Charles Compagnon, élu d’opposition du groupe du centre et de la droite Libres d’agir pour Rennes. 

« Ils », ce sont les dealers, gardiens jaloux de leur juteux business. « C’est simple, le narcotrafic est exponentiel depuis cinq ans et a véritablement explosé depuis un an », confirme Frédéric Gallet, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance. Il date le point de bascule à la fusillade de mars 2024, dans le quartier du Blosne : pendant plus d’une heure, des tirs ont été échangés, à tel point que la police n’a pu intervenir. Lorsque le Raid est arrivé, les assaillants avaient disparu. « Depuis, il ne se passe pas une semaine sans un blessé ou un mort, à l’arme de guerre ou à l’arme blanche », indique Frédéric Gallet.

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Ce n’est pas le chef de file de l’opposition à la mairie de Rennes Charles Compagnon qui le contredira. Il en a même été victime. L’année dernière, il a été pris dans ces échanges de coups de feu dans un Subway, à Kennedy, un quartier chaud de la ville. « Ce que j’ai vécu est ni plus ni moins une scène de guerre. Ils ont tiré six à sept fois au fusil d’assaut. » Désormais, les « narco-quartiers » essaiment. Le trafic de stupéfiants, particulièrement visible à Villejean, autour de l’université, a progressé de 13,4 % entre 2022 et 2023 – selon les infractions constatées. « Les chiffres officiels recensent 35 zones de deal. Moi, j’en compte au moins 52 », glisse l’élu. Ici, rue de Suède, doit-on par exemple compter une seule zone ou trois points de deal ? Vers 13 heures, il y a trois choufs. Puis huit une heure plus tard. Tous des adolescents, vêtus du même uniforme : baskets, sweat et jogging noirs, lunettes. Le dernier qui les rejoint semble avoir à peine 12 ans. En une décennie seulement, Michel, résident dans l’une des tours, a vu le quartier et son quotidien changer drastiquement.

Désormais, il est impensable de sortir après 20 heures. De 6 heures à 2 heures du matin, le sexagénaire observe de son appartement le ballet ininterrompu des ventes et les allées et venues de la Lexus grise du patron. Tout est calibré, organisé, ordonné. Devant l’entrée, vente de crack. Derrière le bâtiment, de l’héroïne. Le parking avoisinant sert à distribuer l’herbe et les amphétamines. Notre présence n’entrave en rien la dynamique du marché. Tout à coup, à nouveau des sifflements, longs, répétés : « Tiens, ça, c’est la police qui arrive », lâche stoïquement Michel. Plus d’une dizaine de jeunes, « les invisibles », sortent soudainement des fourrés dans lesquels ils dealaient et cachent leur came avant de fuir.

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« Une vie d’enfer »

Michel raconte qu’un de ses voisins, ulcéré par le point de deal installé dans le hall de son immeuble, s’est risqué à « faire la police ». « Il est visé maintenant. Il risque de se faire descendre ici. Il doit partir de Rennes. » Les souvenirs des grandes fêtes et des concours de palets de ses 40 ans semblent si loin… La femme à qui il tient la porte entre d’un pas las : elle n’a plus d’emploi. Elle gardait des enfants mais les parents refusent désormais de venir les déposer ici… « Les gens vivent dans la terreur, particulièrement ceux qui ont des enfants. Ils n’osent plus sortir. Ça tire en plein milieu des jardins », complète Frédéric Gallet. Sans divulguer ses sources, Michel affirme savoir que le point serait à vendre à une équipe concurrente, à 1,2 million d’euros. « Les fours brassent tellement d’argent… » souffle le secrétaire départemental. À 100 000 euros de recettes par jour, les pétards fusent pour fêter la cagnotte récoltée et ils éclatent plusieurs fois par mois dans la ville. « C’est une vie d’enfer, nous sommes pris au piège », résume un résident, qui ne peut pas quitter son logement social faute de plan B. 

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« La mexicanisation est une réalité »

À Rennes, la progression des demandes de mutation de locataires de logements sociaux a augmenté de 5,3 % entre 2019-2020. « Les motifs ne sont pas officiellement connus », glisse Charles Compagnon. Ceux qui restent trouvent des parades pour continuer à (sur)vivre. Comme cette habitante qui confesse marcher en baissant la tête, pour ne pas accrocher un regard. « Ça a toujours bricolé sur les gros points, mais maintenant c’est presque du 24 heures sur 24. Quand vous mettez la main sur une nourrice [personne chargée de stocker la drogue, NDLR], ils n’hésitent pas à sortir leurs armes et à s’en servir », atteste Frédéric Gallet. Les petits dealers locaux ont fui, chassés par un nouveau type de narcotrafiquants. Ils viennent de Paris, parfois de Marseille, décrypte le syndicaliste. Il note une forte implication des mineurs non accompagnés qui viennent du nord du Maghreb. « Tous sont des archirécidivistes et se font très peu condamner. La violence a explosé, on a des personnes qui meurent, d’autres qui disparaissent… La mexicanisation est une réalité. »

La mairie reste sourde

En 2023, la ville de Rennes a enregistré 16 964 crimes et délits, en hausse de 5,6 % par rapport à 2022. Depuis 2014, c’est carrément une augmentation de 25 % des actes de violence… Le service spécialisé dans la lutte contre le trafic de stupéfiants œuvre sans relâche, jour après jour. Mais le business et la demande sont tels qu’après une descente, le trafic reprend, dès le lendemain. « On a l’impression de travailler pour rien », soupire Frédéric Gallet. Et pourtant, c’est la sécurité des Rennais qui est en jeu. Lui aimerait une augmentation des services de police ; mais la mairie (PS) de Rennes reste sourde aux demandes. Elle a en revanche investi dans une campagne de communication qui fleurit sur les panneaux publicitaires de la ville – « Y’a rien à attendre du deal » – dont se félicite le directeur de la communication de la ville. 

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Dans une publication récente, il s’explique : « On porte un message qui n’est ni culpabilisateur, ni moralisateur. On ne parle pas des raisons pour lesquelles les jeunes entrent dans le trafic. Ce qu’on leur dit, c’est : “Faites attention et ne perdez pas votre temps avec ça.” » De quoi faire réagir l’opposition, qui réclame elle aussi une hausse du budget sécuritaire. Avec un budget global de 460 millions d’euros, la mairie investit 1,4 million dans la sécurité, 9 millions en fonctionnement. « Une position politique alors que la mairie donne par exemple des subventions à certaines associations comme SOS Méditerranée », s’emporte Charles Compagnon. 

Contactée, la mairie n’a pas souhaité répondre à nos interrogations. Sans doute considère-t-elle que le sujet relève plutôt… de l’État. « L’État a une part de responsabilité mais il est temps de se défaire d’un carcan dogmatique pour activer des leviers de protection de sa population », conclut l’élu d’opposition.

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