
Il n’y siège plus, mais continue d’y peser. Bruno Retailleau a quitté le Sénat pour la Place Beauvau, mais la Haute Assemblée demeure son bastion. Depuis son ministère, sur l’autre rive de la Seine, le patron des Républicains en fait un levier stratégique : un lieu d’influence, de doctrine et de fabrication politique. C’est là, à distance, qu’il commande rapports, propositions de loi et tribunes. Et qu’il façonne, pièce par pièce, les fondations d’un projet présidentiel.
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Pendant plus de dix ans, Retailleau a patiemment structuré le Sénat. À la tête du groupe LR, il a verrouillé les postes clés, imposé une ligne, un style, un logiciel. Pas de coups d’éclat, mais une mécanique précise, conservatrice, imperméable aux effets de mode. « Il a structuré le groupe comme un état-major, glisse un sénateur influent. Sans Retailleau, rien ne passe. Même à la buvette, tout le monde le sait. »
C’est dans cet écrin feutré qu’il a posé les premières pierres de sa stratégie nationale. Immigration, islamisme, délinquance juvénile, agriculture… Chaque thème a donné lieu à un rapport, une proposition, un texte. Peines planchers pour les mineurs violents, suppression du droit du sol à Mayotte, zones de reconquête républicaine : Retailleau y a rodé ses marqueurs. Le Sénat comme matrice idéologique.
« C’est au Sénat que Retailleau polit sa vision de la France »
Même depuis Beauvau, l’écosystème perdure. Muriel Jourda aux lois, Jean-François Husson au budget, une poignée de fidèles poursuivent le travail de fond. « Il n’est plus là physiquement, mais tout continue de tourner autour de lui », résume un collaborateur. Même ceux qui l’ont quitté – Philippe Bas, désormais au Conseil constitutionnel, François-Noël Buffet au gouvernement – restent les architectes d’une machine qu’il a dessinée.
Le Sénat, avec sa lenteur assumée, offre à Retailleau ce qu’il chérit : le temps long, la solidité des débats, la possibilité d’inscrire des idées profondes. Il s’y rend plus volontiers qu’à l’Assemblée. C’est là qu’il forge ses textes, qu’il façonne sa stature. Là, qu’il affine sa ligne, loin de la politique spectacle. Le Sénat n’est plus sa maison, mais reste son atelier. Un ancien ministre le dit sans détour : « C’est là que Retailleau polit sa vision de la France. Il y teste, il calibre. C’est du Retailleau pur jus. » Une répétition générale en vue de 2027.
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