Crédité de 26 % au second tour de l’élection présidentielle, le fondateur de La France insoumise dénonce « une fumisterie ».
Petit à petit, l’hypothèse d’un second tour opposant Jordan Bardella à Jean-Luc Mélenchon s’installe dans le débat. Du moins, dans l’esprit des deux concernés. Dans les enquêtes d’opinion, le premier est donné à 35 % au premier tour et bénéficie quasiment d’entrée de jeu de son ticket de qualification pour le second. L’autre est trois fois plus bas, entre 11 % et 13 %, mais a plusieurs fois montré sa capacité à progresser durant la campagne.
En l’absence de candidature commune de la droite et du centre, le RN et LFI pourraient réussir à tirer leur épingle du jeu. L’aboutissement d’une prophétie formulée il y a quelques années par Jean-Luc Mélenchon, convaincu que le match finirait par se jouer entre les deux formations aux positionnements politiques diamétralement opposées.
À dix-huit mois de l’élection présidentielle, tous ces chiffres sont à manier avec beaucoup de précaution. Mais un sondage Odoxa pour Public Sénat publié ce mardi 25 novembre montre que si les deux hommes s’affrontaient au second tour, Jordan Bardella serait élu président avec 74 % des voix. À la traîne, Jean-Luc Mélenchon ne cumulerait que 26 % des suffrages. Il faudrait alors remonter au duel opposant Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen en 2002 pour observer un écart de cet ordre au second tour. Un chiffre a priori inquiétant pour le candidat de la gauche radicale, qui ne semble toutefois pas s’en émouvoir. « [Le sondage] ne compte que 689 réponses pour cette hypothèse. Il prévoit 57 % de participation pour ce second tour… Quelle fumisterie », réplique-t-il dans un tweet.
De fait, l’enquête d’opinion imagine que 7,4 millions d’électeurs prendraient part au scrutin. Soit moins qu’au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, où 7,7 millions de Français s’étaient déplacés. « Qui peut croire ça ? », interroge Jean-Luc Mélenchon, habitué à fustiger les sondages qui, selon lui, le sous-estiment (ce qui est plus compliqué). Son entourage aime rappeler qu’en 2022, quelques jours avant le premier tour, l’insoumis était mesuré aux alentours de 17 %. Il a finalement fait près de 22 %. « Les sondeurs s’affichent militants des élections. Ici, il s’agit d’installer Bardella face à Le Pen. Laissez-moi tranquille ! », accuse l’ex-député des Bouches-du-Rhône.
Deux plaintes déposées par l’Ifop
Tout le dilemme est là : Jean-Luc Mélenchon a le vent en poupe concernant un premier tour, capable de fédérer une partie importante de l’électorat de gauche (notamment jeune, ouvrier et issu des quartiers populaires). Mais c’est bien plus compliqué au second. Précisons qu’il n’est pas le seul dans cette situation et que Raphaël Glucksmann, Gabriel Attal et Édouard Phillippe (qui le devancent nettement au premier tour) sont également donnés perdants face à Jordan Bardella au second.
Fait rarissime : l’institut de sondages Ifop a annoncé le 24 novembre avoir porté plainte contre deux députés de La France insoumise, Bastien Lachaud et Paul Vannier, qui ont critiqué l’une de ses études autour d’une supposée progression de l’islamisme en France. « Un sondage taillé sur-mesure pour fabriquer de la suspicion, de la stigmatisation et de la division », avait attaqué le premier. « Une opération de stigmatisation de nos compatriotes musulmans pilotée par l’Ifop », considérait le deuxième. Le directeur général de l’institut de sondage Frédéric Dabi a fini par répliquer. « Je regrette ces polémiques, je regrette ces calomnies, je regrette ces accusations qui mettent une partie de mon équipe en danger », a-t-il expliqué sur BFMTV. Jean-Luc Mélenchon, lui, a imaginé un jeu de mots qui le conduit à ne plus parler de l’Ifop mais « d’Opif ».







