Parti voyager en Andorre en septembre 2016, Florent Grégoire n’a pas donné signe de vie depuis six ans. Une femme a été mise en examen, soupçonnée d’enlèvement et de séquestration.
Cela fait six ans que la famille de Florent Grégoire attend des réponses. En septembre 2016, le jeune homme de 28 ans disparaît lors d’un voyage en Andorre. Au dossier, un seul élément auquel se raccrocher: la mise en examen d’une suspecte, une Australienne aujourd’hui âgée de 62 ans qui se présente comme la compagne du disparu. Mais celle-ci nie toute implication, laissant les parents du disparu sans réponse quant à ce qui est arrivé à leur fils.
“Il ne se passe pas une demi-journée sans qu’on ne pense à lui. Que lui est-il arrivé? Où est-il?”, se questionnent-ils encore, auprès de nos confrères de Presse Océan.
Passionné de woofing, ce mode de voyage consistant à travailler dans une ferme en échange d’un hébergement et de repas, Florent Grégoire, qui avait reçu une formation d’ingénieur, avait abandonné sa carrière pour adopter ce nouveau mode de vie. Alors qu’il partait voyager en Espagne en août 2016, ses parents pensaient le revoir le mois suivant: il devait revenir à Nantes avant de se rendre au mariage d’amis très proches, en Bretagne.
“Il avait toujours gardé contact avec ses parents, il n’y avait aucune rupture de ce côté-là. Il les appelait souvent et revenait les voir régulièrement”, décrit l’avocat de la famille de Florent Grégoire, Me Loïc Cabioch, contacté par BFMTV.com.
Courant septembre, les parents découvrent pourtant la disparition de leur fils, par l’étrange message d’une inconnue, qui se présente comme la compagne de Florent et qui s’inquiète de ne plus avoir de nouvelles de lui.
Pris de panique, les parents de Florent se rendent en Andorre, là où leur fils a été vu pour la dernière fois. Ils y rencontrent la mystérieuse compagne, une Australienne de 56 ans dont ils ont l’impression qu’elle les manipule. “Les seules informations que l’on a sur sa présence dans la vie de Florent, c’est ce qu’elle en dit”, résume Me Loïc Cabioch.
Et là encore, difficile de comprendre exactement quels liens les unissaient, la version de l’Australienne changeant régulièrement. À leur retour en France, les parents préviennent la gendarmerie.
Rapidement, la piste d’un départ volontaire est écartée. “C’était un garçon qui allait bien. Il avait choisi un mode de vie différent et en était heureux. Surtout, il y avait ce mariage d’amis très proches, un mariage qu’il n’aurait pas loupé”, détaille l’avocat de la famille.
Début 2021, un juge d’instruction est saisi, et les enquêteurs parviennent à déterminer rapidement qu’une partie des déclarations de cette témoin est fausse.
“Elle disait recevoir des mails de Florent régulièrement après sa disparition, mais les messages n’avaient pas pu être envoyés par lui. Ils étaient donc trafiqués”, rappelle l’avocat.
De plus, les comptes en banque du disparu font état de retraits d’argent très importants, les jours suivant sa volatilisation. “Pourtant, il vivait de très peu de choses”, témoigne la même source.
Les soupçons se resserrent donc autour de cette figure mystérieuse, née en Indonésie et ayant la nationalité australienne, qui se présente comme docteure en architecture, sans que cela ait pu être établi.
Malgré un important travail de recherche, les enquêteurs ont du mal à mettre la main sur la suspecte, celle-ci se déplaçant énormément à l’étranger et n’étant pas revenue en Europe depuis la disparition de Florent Grégoire.
Elle est finalement interpellée en novembre 2019, dans un aéroport parisien. Mise en examen pour “enlèvement et séquestration”, elle est encore à ce jour en détention provisoire. Depuis son arrestation, celle-ci continue de nier son implication, tout en tenant un discours variable sur la date de la disparition de Florent et sur les rapports qu’elle entretenait avec lui. Contacté, son avocat n’a pas souhaité donner suite à notre demande d’interview.
Malgré cette arrestation, les parents du disparu ont perdu l’espoir de retrouver leur fils, étant donné le peu de choses que l’on sait des circonstances de sa disparition et du profil trouble de la suspecte.
Alors que l’instruction se dirige certainement vers sa clôture, dans quelques mois – à l’automne, cela fera trois ans que la suspecte est en détention provisoire -, les parents de Florent se trouvent une nouvelle fois démunis.
“Leur demande, ce n’est pas un procès: on a d’énormes doutes sur le fait que la suspecte pourra faire des confessions à l’occasion d’un procès. Ce qu’ils veulent, c’est savoir ce qu’est devenu leur fils”, conclut Me Loïc Cabioch.
“Ce qui nous importe, c’est de connaître ce qui est arrivé à Florent. Sans ces réponses, même s’il y a un procès, l’histoire sera incomplète”, témoignent les parents auprès de Presse Océan.
