Islem, agente de la RATP, accuse un de ses collègues de l’avoir droguée à son insu et de l’avoir agressée sexuellement sur leur lieu de travail. À la suite d’une enquête interne, le collègue en question a été licencié… Mais Islem pourrait, elle aussi, perdre son emploi, selon 20 Minutes qui confirme celle du Parisien.
Le 9 février, cette maman de 33 ans qui travaille au sein de la station de Bercy sur la ligne 14 prend une pause avec deux collègues. Un homme et une femme. Le premier lui propose un gâteau maison qu’il présente comme un brownie. « Il me dit que c’est juste un brownie. Donc je mange un morceau sans me méfier », explique-t-elle. Seulement après avoir ingurgité le gâteau, elle raconte avoir été malade pendant quatre heures, entre malaises, vomissements et tremblements.
Elle mange un « space cake » sans le savoir
C’est à ce moment que le collègue en question l’isole dans une pièce fermée derrière le guichet et lui lance « mais t’as un super beau cul, tu me l’avais pas dit », explique-t-elle avant que l’homme ne lui prenne les hanches et se frotte à elle.
Une fois rentrée chez elle le soir même, son collègue lui avoue au téléphone que le brownie était en réalité un « space cake » (un gâteau au beurre de cannabis), et la menace pour ne pas qu’elle révèle ce qui s’est passé à sa direction : « Là, il me dit que si j’en parle à la direction, je tombe avec eux parce qu’ils sont deux contre moi. »
En vain puisque dès le lendemain, Islem rapporte l’incident à la RATP, sans parler de l’agression sexuelle. La régie ouvrira une enquête interne.
La RATP accuse la victime d’avoir été au courant de la composition du gâteau
C’est seulement deux mois plus tard qu’Islem ira porter plainte pour agressions sexuelles, précisant que l’attitude de son collègue était une habitude pour lui.
Dans la foulée, ce dernier sera licencié pour « faute grave » par la RATP, tout comme la seconde collègue qui était présente ce jour-là pour « non-assistance à personne en danger ».
Mais l’entreprise de transport ne s’arrête pas là puisque Islem, elle-même, risque de perdre son emploi. En cause, l’enquête interne qui aurait conclu qu’Islem était au courant de la composition du « space cake » avant de le manger selon la RATP qui raconte au Parisien : « Une dizaine de personnes a été entendue. À l’issue des investigations menées, il a pu être établi que ce jour-là, [Islem] a consommé en toute connaissance de cause, sur son lieu de travail et pendant son temps de travail, des gâteaux contenant des produits stupéfiants », indique la régie de transports. « De tels agissements sont inacceptables. »
« Je vais être licenciée parce que j’ai dit la vérité »
Une version niée catégoriquement par la concernée qui avance des témoignages qui prouvent sa méconnaissance du gâteau : « Je vais être licenciée parce que j’ai dit la vérité, s’étonne-t-elle, j’ai deux enfants. Mon mari est conducteur sur le RER A. Ils nous ont brisés, ils ont brisé une famille. On n’a plus de force. »
Et comme pour ajouter à son malheur, de nombreux collègues, en solidarité avec son agresseur, qui possédait dix ans d’ancienneté de plus qu’elle, se sont ligués contre Islem.
Les syndicats soutiennent la mise en cause
Ce qu’Ahmed Berrahal, référent harcèlement au CSE de la RATP et syndicaliste CGT, qui a pu consulter un enregistrement audio de l’agent mis en cause où il avoue avoir drogué Islem et s’en excuser, confirme.
Ainsi, ce mardi, la RATP a demandé la révocation d’Islem devant un conseil de discipline. En soutien, les syndicats ont organisé un rassemblement le même jour. « Ce qui est en train de se passer à la RATP est très grave », a déclaré Anasse Kazib, délégué syndical à SUD-Rail. « Au-delà du cas d’Islem, ils profitent d’une forme de résignation qui peut exister au sein de la RATP. »
L’enquête concernant les faits d’agressions sexuelles est quant à elle encore en cours.